La poésie griffue d’un tout autre parti pris de la matière. Somptueux et drôle dans sa noirceur même, urgent dans ce qu’il montre et démontre derrière le sommeil de l’ordinaire.
Read MoreUne photo inédite de Rimbaud? Shazam ! Nous voilà aussitôt pris entre divers sentiments: la surprise, ou l'étonnement, ou la joie, voire l'indifférence, mais aussi le doute (est-ce bien lui? comment s'en assurer?). Faut-il y croire ou ne pas y croire? On le voit bien, c'est une pure question de foi. Nous sommes tellement habitués aux photos, et au fait qu'elles ne disent pas forcément la vérité mais semblent néanmoins la proclamer, qu'il nous est impossible, voire inutile, d'aller au-delà des apparences.
Read MoreIl est des éditeurs pour qui la passion ne saurait connaître de frein. C'est ainsi qu'un projet fou est né, un jour, dans l'esprit de Thierry Bodin-Hullin, maître d'œuvre des éditions L'Œil ébloui: Publier 53 livres de 53 pages sur son auteur fétiche, Georges Perec.
Read MoreCes derniers temps, on peut dire que nous aurons été gâtés. Les mois qui précèdent ont été riches en événements littéraires. De belles surprises, en vérité. Vous voyez de quoi je veux parler? De qui? Oh, vous avez sûrement une idée. Mais afin de ne pas vous mener en bateau plus longtemps, je me permettrai de préciser que je ne fais pas allusion à des remous – plutôt à des émois.
Read More[…] si et seulement si vérité était chose transparente, s’il suffisait d’y plonger une main modestement honteuse afin de presser, à tâtons, le reflet intact de la chose réelle, s’il suffisait de dire le nom des choses pour qu’elles s’ouvrent comme des fruits pourris et emplissent nos palais de sucs amers, s’il était possible d’entrer en la matière comme un corps naïf dans la peau d’un vêtement neuf inusable et veiné d’or, un vêtement cousu décousu recousu solide étirable qui de loin ressemblerait à une peau dont on détacherait lentement de fins lambeaux dès qu’il s’agirait de donner un peu de soi – faire preuve de générosité ?
Read MoreS'il est bien un livre sur Proust et sur La Recherche qui mérite ces derniers temps, parmi la pléthore de publications consacrées à cet auteur, qu'on s'y attarde, c'est bien Proust, roman familial, de Laure Murat.
Read More"L'éléphant se laisse caresser; le pou, non", a écrit Lautréamont. Je pense qu’on peut ajouter le livre en cours à l’acarus sarcopte du père Ducasse. Oui, ce livre-pas-encore-livre dont on a cru, plan à l’appui, qu’il aurait l’obligeance de se plier à nos désirs d’écriture et nos velléités d’architecture.
Read MoreL’émission d’Augustin Trapenard sur les classiques a été largement commentée. Il faut dire qu’elle prêtait le flanc aux critiques, voire aux quolibets ou à l’indignation.
Read MoreAvant de travailler sur ma traduction en cours, je consulte comme d'habitude le fil des actualités. Cormac McCarthy est mort. Il est mort la veille. Stella Maris. Etoile de mer. Etoile de ciel. Astronautes. Catastrophes. Champignon atomique dans le ciel. Connections. Hasards. Fin.
Read MoreRéjouissons-nous: la littérature fait encore débat, ainsi que le montre le débat houleux qui a suivi l'attribution du Nobel de littérature à Annie Ernaux. Attaquée ou encensée, elle ne laisse pas indifférent.
Read MorePas besoin de faire la retape pour vous diriger vers Claro qui, de l’écriture, fait son lit comme il découche, avec une voracité et un allant sans beaucoup de retours, sauf ceux qu’il estime indispensables.
Read MoreSi, comme l’a dit Buffon, le style, c’est l’homme même, pourquoi ne pas remonter encore un peu plus haut dans la chaîne alimentaire de l’écriture, et avancer que la taupe est le style même. Oui, la taupe, ce talpidé fouisseur, qu’on estime ravageur alors qu’il élimine les limaces. Mais ne quittons pas Buffon tout de suite.
Read MoreClaro : Regrettons d'emblée que ne soit pas davantage connu l'immense écrivain italien Luigi di Ruscio, poète métallo de son état, auteur également de trois textes à haute teneur biographique, dont je viens de découvrir, grâce à la générosité et au flair des éditions Anacharsis, La neige noire d'Oslo.
Read MoreOn le sait depuis un méga bail désormais: les grands écrivains ne sont plus publiés par les "grands" éditeurs. Ces derniers ont trop à faire avec la gestion capricieuse de leur fonds et la mise en avant d'auteurs sans lendemain mais susceptibles d'un lectorat aussi sonnant que trébuchant.
Read MoreDe temps en temps passe sous nos yeux un livre hors du commun. Aujourd'hui, et on tremble à l'idée qu'on aurait pu passer à côté, c'est un livre au titre échappé de Chrétien de Troyes : Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant.
Read MoreLe livre de Mannoni revient sur les diverses polémiques qui ont entouré la parution de l'ouvrage, abordant la question essentielle du pourquoi: pourquoi re-traduire Hitler? Pourquoi passer huit ans de sa vie sur une prose immonde qui, de l'avis de certains, comme Johann Chapoutot, "n'a pas joué un rôle central dans l'histoire du nazisme"? A cette question, les réponses qu'apportent Mannoni sont nombreuses, mais l'une d'elles ressort tout particulièrement.
Read MoreLa philosophie comme dialogue de sourds? Prenez-en de la graine. En ce joli mai, on ne va pas se mentir mais plutôt vous ôter une fière chandelle du pied : apprendre à mourir ne nourrit pas son homme. Raison de plus pour aller faire ses courses chez Nonédition, éditeur à vocation vocative – en cas d'urgence tirez sur la sonnette.
Read MoreRetourner (deux fois) les morts, de Henri Martel est un livre qu'on n'est pas prêt d'oublier, d'autant plus qu'il impose à la mémoire des scènes proprement stupéfiantes, portées par une scansion qui bouscule de façon définitive.
Read MoreComme le temps passe vite. On dirait qu'il est pressé. Qu'il va quelque part. Qu'il fuit. Et nous derrière, pareils à des touristes un peu démunis, le regard guère plus vaillant qu'un vieux velcro, ne s'attachant qu'aux dernières aspérités du monde. Trébuchons un peu, retardons la course folle, quittons le groupe. Le groupe? Oui. Ils. Qui ça? Ils, quoi.
Read MoreJ'ai déjà évoqué à plusieurs reprises l'aventure que fut la traduction du roman de Lowry, Under the Volcano. Mais un détail m'avait échappé, qui fait que la version signée par Stephen Spriel et Clarisse Francillon n'est pas, comme on le pense souvent, la toute première traduction du chef d'œuvre de Lowry, mais plutôt… la deuxième (celle de J. Darras, intitulé Sous le volcan, étant donc la troisième). C'est en lisant divers entretiens avec Maurice Nadeau que ce "détail" a attiré mon attention.
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