Zhang Lijie : faire voir ce que voient les autistes

La différence est maltraitée partout. On l'appelle aussi folie. Zhang Lijie a fait poser des gens en traitement dans l'univers de leurs dessins. Pour attirer l'attention sur leur existence. En rappeler la beauté. Ce qui n'est pas inutile en Chine, qui est trop occupée à croître pour se soucier d'eux. 

® Zhang Lijie

® Zhang Lijie

Il existe toutes sortes d'engagements à long terme et celui choisi par Zhang Lijie à propos des maladies rares ou des séquelles du SARS témoigne d'une volonté certaine de montrer des choses qu'on veut souvent ignorer. En Chine plus facilement encore qu'ailleurs. Comment ? En mettant simplement en relation des mondes par la photographie. Des malades des séquelles du SARS se voient ainsi retrouver leur dignité dans l'environnement hospitalier qui est le leur, mais magnifié par la couleur et le regard porté sur eux par Zhang Lijie. Ailleurs, ce sont des artistes autistes, soignés en "artothérapie", qui se voient offrir par l'artiste un chevauchement photographique de leur monde clos avec le nôtre (est-­il plus ouvert?), pas pour faire sens, mais pour faire jointure, glissement, velcro, ­tout cela pour ne pas dire lien... C'est simplement explosif d'humanité débordante et triomphante.

Née en 1981, et résidente pékinoise, Zhang Lijie est en passe de devenir une incontournable de la photographie chinoise et mondiale. Elle a fait ses études de journalisme, un master entre 2003 et 2006 à Pékin, avant d'aller à Londres en faire un autre de photographie. Le journalisme pris par l'angle de la photographie, avec un vrai talent pour la synthèse des images et le reportage choc. Depuis, elle est non seulement rédactrice en chef à China Press, mais commence à exposer dans le monde entier : New York, Montréal, Brighton, GuangZhou, LianZhou et PingYao, avec des parutions dans le ­Lens Blog du New York Times , Newsweek et China Daily. Sa dernière publication, Midnight Tweedle explore les diverses traces de la mémoire collective avec une approche singulière, qui joue aussi bien la narration que l'aléatoire, le conscient et l'inconscient pour offrir un flot d'images connectées entre elles, à la façon dont fonctionne la mémoire. Et cela, à partir de différents média : documentaires, collages, posters ou simples images arrêtées. Une manière comme une autre de travailler sur l'humain et ses contradictions, à partir du contexte politico-­culturel chinois. Photographe engagée, elle a été récompensée par de nombreux prix, comme le FIYTA Photographer’s Award en 2013, et la Fondation Magnum pour les Droits de l'Homme

® Zhang Lijie

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