La Russie au ras du trottoir d'Alexander Anufriev
Tombé par hasard sur une photo d'Alexander Anufriev, j'ai voulu en savoir plus. D'abord, il n'a rien à voir avec son célèbre homonyme, le peintre non conformiste ukrainien, l'artiste non officiel qui a commencé à vendre beaucoup avec la perestroïka… Lui est photographe et il traque ce que la rue peut avoir de sybillin dans son expression et ses manifestations. Retenez ce nom, on va en reparler.
Né à Ukhta dans la République de Komi, en 1988, il vit et exerce à Moscou comme photographe, tout en poursuivant des études multimédia à l'école d'art Rodchenko. Il participe à des expos collectives depuis 2014 et a déjà exposé en Allemagne à Leipzig et Büdelsdorf l'an passé. Il a gagné en 2016 le World Photography Award de Sony. Repéré par Lens Culture, on devrait vite voir arriver de nouvelles séries en Europe de l'Ouest. Sa série sur les vendeurs de rue moscovites est une splendeur à montrer la débrouille à l'ère Poutine.
L'idée de la série développé par son auteur : En Russie, on trouve toujours des gens qui vendent dans la rue, et les échanges qui y ont lieu sont même un marqueur de la situation précaire de ceux qui s'y emploient, comme une forme de survie. J'avais envie, avec cette série, de montrer des individus confrontés à des situations financières ultra précaires et il y une histoire particulière derrière chaque portrait avec d'anciens professeurs, musiciens, policiers ou soldats ayant tous perdu leur emploi et se voient obligé de devenir vendeur de rue. J'ai associé à chaque portrait son histoire dans laquelle je mentionne les informations basiques de chacun: (nom, âge, profession et depuis combien de temps ils sont à la rue.)
Cette série montre les aspects variés de l'imprévisible situation économique russe et de ce qu'elle entraîne pour les démunis. A chaque photographie correspond un aspect de la question économique russe : le manque de retraite, la manque de travail, la recherche d'argent pour des soins médicaux ou celle de trouver de l'argent pour aider des proches. Ainsi, chaque cliché est une réponse à la question posée.