De quoi Svengali est-il le nom ? Cakes da Killa répond

Un crossover hip-hop et house se construit depuis des décennies et mérite d'être reconnu... A l'avant-garde de la scène house-rap de New York depuis 2011, l'introspectif Cakes da Killa joue à la limite entre rebond et réflexion, et ce dernier n'a plus grand chose à prouver. Alors, ce Svengali ?

L'innovateur hip-hop / house du New Jersey Cakes Da Killa a annoncé la sortie de son très attendu deuxième album Svengali le 28 octobre via Young Art Records, le label de TOKiMONSTA. Avec cet album, Cakes ajoute un nouveau point de repère à son catalogue et ouvre un nouveau chapitre à la relation de longue date entre le hip-hop et la musique house. Aujourd'hui, vous pouvez regarder la vidéo du nouveau et séduisant titre "Svengali", dans lequel Cakes met en pause le compte-rendu en temps réel d'une soirée décadente pour murmurer une question à l'objet de son intérêt : "Je sais que tu me touches / mais est-ce que tu me sens ?" Le single fait suite à "Drugs Du Jour" et "Sip Of My Sip" qui figurent tous deux sur l'album.

Svengali est une expérience cinématographique, qui retrace une histoire d'amour, de l'accrochage à la rupture, avec tous les hauts et les bas de la romance et de l'attraction entre les deux. Toujours d'une voix brutale (et hilarante) sans filtre, l'album voit Cakes apporter une nouvelle couche de vulnérabilité et de profondeur à son écriture, décrivant les vicissitudes de l'amour dans et hors du club. S'inscrivant dans la foulée des mixtapes Muvaland Vol. 1 & 2 (mais enregistré avant l'une ou l'autre d'entre elles), Svengali atténue l'énergie maniaque de la rave jusqu'à l'aube au profit de beats du producteur Sam Katz qui offrent des ambiances plus subtiles, ainsi qu'une influence du jazz qui relie Cakes aux premiers jours de la culture queer qui a émergé des clubs de jazz new-yorkais et de l'industrie de la musique.

Cakes déclarait dernièrement à Fader : En surface, c'est une rupture entre une personne ou plusieurs personnes. Mais, en toute honnêteté, lorsque j'ai écrit cet album, je déménageais également en Géorgie, et c'était comme si je rompais avec New York, qui était la seule réalité que je connaissais. Je rompais aussi avec mon sentiment de liberté, ou avec le fait de savoir où allait ma carrière à ce moment-là. Il y a eu beaucoup de déchirements, de différentes manières métaphoriques. Mais c'est le but de tout ce voyage.

On voit cela comme un processus double de reconversion de la visibilité queer qui n’hésite plus à s’éloigtner de la Greosse Pomme pour exister et qui, ainsi, la fait exister ailleurs et autrement. La suite ne s’appellera sûrement pas Georgia on my Mind, mais après tout, pourquoi pas puisqu’on peut faire danser partout où on en a envie. Go !

Jean-Pierre Simard le 31/10/2022
Cakes Da Killa - Svengali - Young Art Records