Comment, avec Pourtaud, ritualiser sans se formaliser
Dans nos sociétés actuelles en perte de repères spirituels, des artistes réinvestissent l’espace symbolique laissé vacant et s’emparent de nos interrogations profondes. La dimension rituelle des œuvres contemporaines se manifeste par l’évocation ou la représentation de symboles à travers des objets, actions, des paroles ou des gestes. Les rites peuvent aussi investir le processus du travail artistique par le biais de pratiques codifiées ou répétitives. Sacré ou profane, le rituel recrée du lien entre les hommes et renoue avec une forme de spiritualité qu’elle soit religieuse, naturelle ou magique…
Le rite est au cœur du travail de François Pourtaud. Fasciné de longue date par les cultures extra européennes, tibétaines et indiennes, sa pratique est empreinte de syncrétisme, sans être religieux. Le rite est envisagé de part son aspect festif et collectif. Pour cette exposition, l’artiste propose un ensemble de pièces lumineuses qui plongent le visiteur dans des atmosphères au pouvoir évocateur, ainsi que des sculptures totems, bâtons de conteur revisités, le propos étant avant tout de se faire raconteur d’histoires.
Cette exposition marque-t-elle une évolution par rapport à votre parcours ?
L’exposition est à la fois le tournant d’un parcours, qui a traversé différentes préoccupations et interrogations, une sorte de synthèse par accumulation, et le prolongement d’un cheminement qui se poursuit irrémédiablement.
Dans vos installations, vous utilisez des images ou des objets préexistants. Est-ce qu’il s’agit pour vous de « charger » symboliquement des objets banals, qui nous semblent familiers ?
Durant quelques années, et à différentes périodes, j’ai accumulé des objets du quotidien, non seulement pour les détourner de leur sens initial, mais aussi pour leurs donner une autre résonance vis-à-vis du regardeur.
Est-ce que vous vous considérez comme un glaneur ? un ethnologue ? Ou encore comme un passeur ?
Sans me considérer comme un glaneur ou un ethnologue, ce qui m’intéresse c’est l’effet de miroir, l’interprétation de celui qui regarde, l’image que l’autre peut s’en faire, ce rapport à la différence.
Là où les cultures du siècle dernier ritualisaient les fêtes pour partager, nous avons excentré le phénomène par la consommation intense de virtuel. D'où la difficulté de partager autrement qu'avec du sport (voir à la télé) ou des événements politiques (attention quand même on tombe sous le coup de l'Etat d'Urgence). Repenser le lien autrement que conflictuel est une piste pour des échanges apaisés. On ajoutera et de joyeuses futures fêtes.
Friedrich Angel
François Pourtaud - Nuit du Jour -> 25/02 -> 26/04/17
Camille Lambert, Espace d'art contemporain 35, avenue de la Terrasse 91260 Juvisy-sur-Orge