La Color Line ou les Afro-américains vus par la ségrégation

Quel rôle a joué l’art dans la quête d’égalité et d’affirmation de l’identité noire dans l’Amérique de la Ségrégation ? L'exposition rend hommage aux artistes et penseurs africains-américains qui ont contribué, durant près d’un siècle et demi de luttes, à estomper cette "ligne de couleur" discriminatoire.

Si la fin de la Guerre de Sécession en 1865 a bien sonné l’abolition de l'esclavage, la ligne de démarcation raciale va encore marquer durablement la société américaine, comme le pressent le militant W.E.B. Du Bois en 1903 dans The Soul of Black Folks. L’exposition The Color Line revient sur cette période sombre des États-Unis à travers l’histoire culturelle de ses artistes noirs, premières cibles de ces discriminations.

Le problème du 20e siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs

Des thématiques racistes du vaudeville américain et des spectacles de Minstrels du XIXe siècle à l’effervescence culturelle et littéraire de la Harlem Renaissance du début du XXe siècle, des pionniers de l’activisme noir (Frederick Douglass, Booker T. Washington) au réquisitoire de la chanteuse Billie Holiday (Strange Fruit), ce sont près de 150 ans de production artistique – peinture, sculpture, photographie, cinéma, musique, littérature… – qui témoignent de la richesse créative de la contestation noire.

Pour la première fois en France sont rassemblés six cents œuvres et documents originaux d'artistes africains-américains emblématiques. Daniel Soutif, commissaire de l'exposition « Le Siècle du jazz » à Branly en 2009, poursuit sa passionnante exploration d'un pan négligé de la culture. Emouvante, la mémoire apparaît à travers les photographies du quotidien, la presse, des livres et affiches. Surgissent les artistes Henry Ossawa Tanner, Aaron Douglas, Archibald J. Motley, Jacob Lawrence Jr., Elizabeth Catlett... Des maîtres de la peinture, de la gravure et du dessin, puissants, singuliers dans leurs expressions et leurs combats. Une découverte bouleversante qui montre, s'il le fallait encore, que l'histoire de l'art occidental devra encore réécrire quelques chapitres...

Siegfried Forster

Mais, pour faire éducative, cette exposition s'est démultipliée en de nombreux événements associés avec déambulations dans les lieux hantés des artistes afro-américains à Paris, des ateliers de réalisations de détournements, des concerts et des conférences. Le programme détaillé est sur le site du musée- mais on serait vous, on prendrait de suite des places pour aller voir Dayme Arocena le 13/11/16 à 17 h… On ne vous dit que ça.

The Color Line, les artistes afro-américains et la ségrégation aux USA -> 15/01/17
Musée du quai Branly - Jacques Chirac  37, quai Branly, 75007 Paris