Posts in CINÉMA
Abbas Kiarostami s'offre les Chemins de la liberté à Beaubourg

Depuis Où est la maison de mon ami ?, en 1987, puis Le Goût de la cerise, dix ans plus tard, pour lequel il reçoit la Palme d’or au Festival de Cannes, Abbas Kiarostami est considéré comme le maître du cinéma iranien. Cinéaste, scénariste, mais aussi photographe, il était un artiste total, dont la production est aussi dense que polymorphe et dont l’influence s’impose aujourd’hui. Le Centre Pompidou revient sur l’ensemble de son œuvre, à travers une rétrospective intégrale et une exposition inédite.

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Furie (2020) d'Olivier Abbou : Périphérie vs. Périphérie

De retour de vacances, une famille découvre, horrifiée, que les locataires auxquels elle a gentiment prêté sa maison pour les dépanner le temps de l'été refusent de quitter les lieux. Ils y sont, ils y restent, ils ne partiront pas. L'horreur est à l'expropriation des propriétaires. D'autant que le chef de famille croyait en être prémuni après avoir coché toutes les cases de la bonne intégration sociale, statut de la fonction publique et emploi de professeur, femme blanche et maison à la campagne. Cela ne suffit donc pas à l'homme qui voit dans la situation l'odieux rappel aux stigmates de la peau et de ses origines antillaises.

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"The Pool" : le coco du croco

Le survival à la sauce thaï pique moins les papilles que les yeux. La piscine dans laquelle est coincé le héros en compagnie d'un croco numérique est la poche cloacale dont on ne s'extrait qu'en s'expurgeant du mal en soi. Le minimum syndical avec ce genre de film consiste à ce qu'il repose sur une suite supposément contingente de faits concrètement concrets et rien d'autre. Normalement, la psychologie n'y a aucun droit. Sauf que…

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“Exterminate All The Brutes”, nouveau chef d'œuvre de Raoul Peck

Après I Am Not Your Negro et Le jeune Karl Marx, le cinéaste haïtien Raoul Peck n'avait pas d'autre choix que l'excellence. C'est aussi ce que ses parents lui apprirent s'il voulait vivre la tête haute dans ce monde de haine et de violence. Si son nouveau documentaire en 4 parties, Exterminate all the brutes (traduire "exterminez tous les sauvages"), s'adresse à tous et toutes, et à notre humanité dévoyée, sa charge concerne particulièrement les États Unis d'Amérique, bâtis sur un génocide qui n'est toujours pas reconnu, et sur l'esclavage dont l'héritage marque toujours l'actualité.

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Les Cahiers du cinéma ont 70 ans : l'histoire et le présent

Il y a des revues de cinéma dont l’excellence consiste à ce que l’amour des films témoigne dans la persévérance du sens critique des mutations de l’art auquel elles se consacrent. Et puis il y a les Cahiers du cinéma dont l’histoire a bouleversé celle du 7ème art. La revue de cinéma la plus mythique de l’histoire du cinéma constitue en soi une histoire de cinéma qui dure depuis 70 ans. Le temps des anniversaires est celui des retours en arrière, ainsi que des retours au présent mélancolique quand l'histoire l'emporte en intempestivité et en force critique sur l'actualité.

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Watchmen, post-scriptum : 2020 année intoxiquée (sauvons-nous de nos sauveurs)

Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons est un chef-d'œuvre du comics. Imaginer une suite au roman graphique est un pari osé mais relevé par Damon Lindelof dont la mini-série diffusée sur HBO en 2019 est une autre réussite après Lost et The Leftovers. Si le « showrunner » est un narrateur sophistiqué doublé d'un horloger à l'heure de la relativité, c'est en multipliant les effets de parallaxe comme autant de masques à soulever. La déconstruction du super-héros fendille la coquille du manichéisme en dénudant désormais le noyau de la race dont les bavures maculent notre actualité.

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Etude sur le comportement en isolation de Mara Palena

Etude sur le comportement est une trilogie de films centrée sur le comportement privé que l'on manifeste lorsqu'on est conscient que personne ne regarde, et les frustrations et les moments forts qui en sont le produit. Réalisé par Mara Palena avec Jessamine-Bliss Bell, un film primé sur le confinement.

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Effet-Daney, passeur mélancolique et gai

Un article de l’ami des Cahiers Jean-Louis Comolli consacré au musicien jazz et multi-instrumentiste Eric Dolphy en a donné l’idée à Serge Daney qui s’est défini ainsi : un passeur. Le terme a fait florès, il est devenu un mot de passe entre cinéphiles. Qu’est-ce qu’un passeur ? Un passeur est celui qui a besoin de frontières pour les passer comme il en a besoin pour faire passer des trésors qu’il n’a pas envie de garder pour lui tout seul. Sans se préoccuper non plus de ceux à qui les passeurs refilent le bébé, ni verser des larmes de crocodile parce qu'on ne leur passe rien quand on ne leur fait pas les poches

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Yasujirō Ozu, le cinéaste de l'impermanence (1)

Yasujirō Ozu n'est pas le cinéaste de la permanence mais celui de l'impermanence. Pour nous, son credo s'énoncerait dès lors moins à l'aide de la phrase célèbre de l'écrivain Lampedusa, dont Luchino Visconti aura offert une grande chambre d'écho avec l'adaptation de son roman Le GuépardIl faut que tout change pour que rien ne change »), qu'avec l'aphorisme bressonien, réécrit par Jean-Luc Godard à l'entame de ses Histoire(s) du cinéma : « Ne change rien pour que tout soit différent ».

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Génies de Pixar (gentils démons, anges gardiens et bons génies)

Génie de Pixar : le studio d'animation est le lieu d'expression d'une intelligence collective et d'une sensibilité créatrice ouvrant au cinéma d'animation la possibilité de se réinventer à l'ère du numérique. Sa réinvention consistant à rendre au numérique tout ce qu'il lui offre en matière de potentialités figuratives et plastiques, c'est-à-dire dans l'invention de manières enthousiasmantes de représentation et de narration comme autant de formes d'insufflations (l'animation doit alors toujours se comprendre au sens propre – comme une spiritualisation).

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Yasujirō Ozu, le cinéaste de l'impermanence (2)

Yasujirō Ozu est un cinéaste authentiquement sismographe, dont les fameuses positions basses de caméra, dites au ras du tatami grâce à un pied qu'il se fit fabriquer pour pouvoir tourner en effet au plus près du sol, avèrent autant la pesanteur des structures sociales qu'elles sont raccord avec une architecture japonaise ayant culturellement intégré le risque du tremblement de terre. Le tremblement de terre est bien l'obsession du cinéaste qui préfère en consigner les manifestations les plus infra-minces, le tremblement qui fait bouger mais imperceptiblement les plaques tectoniques du sensible en faisant généralement monter les larmes de ceux qui en finissent avec le déni. Ceux-là qui croyaient pourtant dur comme fer à l'immobilité du monde finissent alors par se rendre à l'évidence que tout est différent désormais.

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La dialectique peut-elle casser des briques ? par J-J Birgé

Sur la Toile, j'ai retrouvé par hasard le film néo-situationniste “La dialectique peut-elle casser des briques ?” que le situationniste René Viénet réalisa en 1972 en détournant un film de Hong Kong de Doo Kwang Gee. Il doubla les voix en réinventant des dialogues politiques qui mettaient en boîte le Capital et les bureaucrates communistes. L'objet amusera ceux qui ont connu les années 60 et 70 et leur effervescence "révolutionnaire", il intéressera peut-être les plus jeunes, d'autant que c'est le premier film de kung-fu dont on parla en France, donc par une version détournée !

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Le Traité de bave et d'éternité d'Isidore Isou par J-J Birgé

Lorsque, plus de trente ans après sa mort, j'ai vendu les sept mille livres de mon père, j'ai commencé par faire des lots, par exemple sans vérifier s'il y avait des dédicaces. C'est ainsi, je n'ai pas de regret. J'ai retrouvé récemment un livre de 1956 de Maurice Lemaître, mais point d'Isidore Isou qui venait souvent à la maison.

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Peter Greenaway : Four American Composers et une caméra

Les quatre documentaires de 55 minutes chacun sur Meredith Monk, John Cage, Robert Ashley et Philip Glass ont été tournés un an après le prometteur Meurtre dans un Jardin Anglais. Comme pour la série “Cinéma de notre temps”, où un cinéaste fait le portrait d’un autre en en adoptant certaines caractéristiques de son style, Greenaway choisit chaque fois une forme cinématographique appropriée à l’univers du compositeur abordé.

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"I May Destroy You", la débanalisation (enfin) du viol au cinéma

S'il existe de nombreux films traitant du viol dans l'Histoire du cinéma, le mouvement #MeToo a récemment suscité de nouvelles productions audiovisuelles. Ma nièce Estelle, graphiste à New York, avec qui je discute de temps en temps de "l'évolution" des mœurs de l'autre côté de l'Atlantique, m'a justement conseillé I May Destroy You, la nouvelle série TV anglaise de Michaela Coel.

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