“On veut vraiment montrer toute la palette de la littérature jeunesse”. Interview de Rémi Inghilterra pour le lancement du Renard Doré
Avec deux amoureux de la bande dessinée japonaise aux commandes, Rémi Inghilterra et Mickaël Brun-Arnaud, une nouvelle collection dédiée au manga pour la jeunesse, au sens large, s’installe chez L’école des Loisirs. À l’occasion de la sortie des premiers titres, nous avons rencontré son directeur de collection.
Avec trois premiers titres sortis en avril puis trois autres en juin, la collection démarre avec des titres forts qui donnent une idée de l’ambition de ce projet. Rémi Inghilterra, directeur de collection et Mickaël Brun-Arnaud, conseiller éditorial, ont préparé pendant plus d’une année ce lancement. La semaine dernière, nous avons longuement échangé avec Rémi pour en savoir plus.
Trois titres sont publiés pour le lancement, comment on choisit ces titres qui vont marquer une identité ?
Rémi Inghilterra : Ces 3 titres ont été choisis comme titres de lancement pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que l’idée de la collection c’est de viser le public jeunesse au sens large et que ces 3 titres visent 3 tranches d’âge différentes.
Ma mamie adorée peut être lu à partir de 6 ans ou en lecture accompagnée — tout dépend du niveau de l’enfant — Le voyage d’Ours-Lune est plutôt destiné à des lecteurs âgés de 8 à 10 ans et La Forêt magique de Hoshigahara est accessible dès 12 ans. L’objectif est de montrer qu’on peut faire lire des mangas à des primo-lecteurs ainsi qu’à des adolescents, tout en restant dans des récits ancrés dans la ligne éditoriale de l’école des loisirs et Rue de Sèvres. Tout cela avec la volonté de choisir des titres qui peuvent également être lus et appréciés par des adultes.
Quand on parle de « jeunesse », ce n’est pas toujours clair pour tout le monde, les gens peuvent penser que c’est uniquement dirigé vers le très jeune public. Là, on veut vraiment montrer toute la palette de la littérature jeunesse, comme c’est déjà fait depuis longtemps à l’école des loisirs.
Ce qui rapproche ces titres, ce sont les thèmes abordés. On retrouve dans chaque album des thématiques très fortes et c’est vraiment ce qu’on recherche avec cette collection. Dans Ma mamie adorée, on retrouve une dimension transgénérationnelle. Pour Le voyage d’Ours-Lune, il s’agit d’une quête initiatique dans laquelle les personnages se cherchent. Et dans La Forêt magique de Hoshigahara, ce sont les thèmes du deuil, du partage et de l’altruisme qui parcourent toute la série.
Est-ce que tu peux nous donner quelques pistes pour comprendre ces choix ?
R. I. : Ce sont des titres importants à notre cœur et pour ce qu’ils transmettent. Pour Ma mamie adorée, on a vraiment eu un coup de cœur pour le scénario parce que c’est une histoire authentique : c’est l’histoire de l’autrice qui a perdu sa grand-mère. Elle a fait des dessins d’elle et de sa mamie, elle a raconté les moments qu’elle a passé avec elle, ceux qu’elle aurait aimé vivre et elle a posté ça sur Instagram. Elle a été repérée par un éditeur et puis ses moments de vie partagés sont sortis en livre. C’est une histoire vraiment sincère qui raconte les petits riens du quotidien et la relation fusionnelle d’une petite fille et de sa mamie de manière très touchante. C’est tellement intime et personnel que ça en devient universel ! C’est un peu paradoxal de dire ça mais quand tu as une belle histoire comme la sienne, ça touche tout le monde.
En lisant cette série, tu repenses à tes grands-parents, à ton enfance… Au-delà de l’histoire, il y a aussi la manière dont la BD est faite qui a été un élément important dans notre volonté de publier cette série. Cette série comprend à la fois des planches de manga et des pages remplies de 2 grandes illustrations et de textes. On avait l’entre-deux parfait entre le livre jeunesse qu’on retrouve à l’école des loisirs et la BD qu’on retrouve chez Rue de Sèvres. C’est pour cela que ce titre s’est rapidement imposé comme une évidence.
C’était exactement le lien qu’on voulait avoir au lancement entre l’école des loisirs et Rue de Sèvres. Enfin, il y a évidemment le dessin tout en couleur, au crayon et à l’aquarelle. C’est beau, très fin et on sent la patte de l’autrice. Nous on s’est fait avoir direct ! Pour toutes ces raisons et particularités, ce titre méritait d’être au lancement.
Pour Le voyage d’Ours-Lune, il y a plusieurs choses qui nous ont saisi : déjà le fait que ce soit une vraie histoire d’animaux, ce qui est plutôt rare en manga. Ce manga raconte la rencontre d’un ours et d’une corneille qui vont vivre une rencontre . Une amitié naissante qui évolue au fil des pages et qui est à la fois extrêmement mignonne et accessible. L’histoire se dévoile petit à petit et plus on avance, plus on se rend compte que derrière cette « petite » histoire animalière, il y a de nombreux rebondissements et de grandes réflexions. Cette histoire peut être lue à partir de 8-10 ans, mais je suis certain qu’elle peut aussi plaire à des adultes. Il y a tellement de choses qui sont racontées, le récit est passionnant, c’est très subtil et touchant… et on se fait avoir au fil des chapitres et des révélations.
Pour avoir le retour des premiers lecteurs, l’avis est unanime. Le livre aborde de manière poétique, presque métaphorique, des thématiques très fortes comme la mort, la solitude, le rejet. Le graphisme est un peu différent du dessin prototypique du manga, mais ça reste du noir et blanc, de la trame. Ça se démarque de ce qui se fait généralement, et c’est ce qui nous a plu. Il y a aussi un sous-texte écologique présent qui dénonce le comportement humain vis à vis de la nature. Il y avait donc de quoi nous convaincre à proposer ce livre au lancement !
Pour avoir le retour des premiers lecteurs, l’avis est unanime. Le livre aborde de manière poétique, presque métaphorique, des thématiques très fortes comme la mort, la solitude, le rejet. Le graphisme est un peu différent du dessin prototypique du manga, mais ça reste du noir et blanc, de la trame. Ça se démarque de ce qui se fait généralement, et c’est ce qui nous a plu. Il y a aussi un sous-texte écologique présent qui dénonce le comportement humain vis à vis de la nature. Il y avait donc de quoi nous convaincre à proposer ce livre au lancement !
Pour le dernier titre de lancement, on est allé chercher dans nos précédentes lectures coup de cœur. En cherchant des titres pour la collection avec Mickaël, on est retournés voir certains auteurices dont les livres pouvaient coller à la ligne éditoriale de la maison. On était déjà très fan de La Cité Saturne que l’autrice, Hisae Iwaoka, avait commencé il y a une grosse quinzaine d’années et en lisant La Forêt magique de Hoshigahara ça a rapidement été une évidence. Toutes les qualités présentes dans La Cité Saturne se retrouvent dans cette série, et au niveau du dessin, c’est encore plus beau ! Les pages sont très travaillées et on sent un amour particulier pour la nature. Les jaquettes sont à tomber, elles sont peintes avec talent et très détaillées.
Hisae Iwaoka est une autrice qui prend son temps, qui porte une attention à tous les détails, que ce soit au niveau des dessins, mais aussi du scénario. Dans La Cité Saturne, elle envoie ses personnages dans l’espace pour parler de l’humain, dans La Forêt magique de Hoshigahara, elle reste sur Terre, mais les cloitre dans un lieu étonnant. Ils vont évoluer dans cette forêt un peu magique et animiste où des petits esprits parlent, mais encore une fois, ce sont les individus qui sont au centre de son propos. Et son talent, c’est qu’elle parvient à faire surgir de l’émotion avec des personnages qui racontent leurs histoires, parfois sur seulement quelques pages. C’est vraiment
Justement comment vous choisissez les sorties, est-ce qu’il y aura un équilibre entre ces tranches d’âge à chaque office ou pas forcément ?
R.I. : Non, pas forcément. L’équilibre se fait plutôt sur l’année : la moitié des titres publiés sera pour le jeune public qui a entre 6 et 12 ans, l’autre moitié sera à lire à partir de la prime adolescence.
Pour le lancement, la question des différentes formes s’est également posée. La Forêt magique d’Hoshigahara c’est une série en 5 tomes, Ma mamie adorée une série en 3 tomes en couleurs et Le Voyage d’Ours-Lune c’est un one-shot. On ne voulait pas se limiter au niveau du format, de la durée ou de la couleur. Dans la collection, il y aura des titres en noir et blanc et d’autres en couleurs, des titres courts, d’autres plus longs, des volumes indépendants, et il nous semblait important de montrer tout ça dès le début.
Ce sont des titres qui sont destinés à la jeunesse, d’autres aux ados, pour ce segment ce sont les parents qui achètent et les enfants qui lisent, comment on séduit ce public spécifique ?
R.I. : C’est un élément qu’on a évidemment pris en compte en lançant cette collection, surtout qu’à l’école des loisirs, ils l’ont bien en tête ! On choisit des titres qui peuvent à la fois plaire aux enfants et à leurs parents. Parce que, comme tu le dis, ce sont les parents qui achètent les livres aux enfants. Pour les jeunes adolescents c’est peut-être un peu différent, mais il y a une bonne partie de l’enfance durant laquelle ce sont les parents qui « valident » les albums à acheter.
On donne des âges minimum de lecture pour nos publications, mais en vérité ce sont des titres qui peuvent aussi bien plaire à des adultes. C’est important pour nous, parce que notre but c’est de publier des albums qui durent dans le temps. Des albums qu’on peut lire et relire à nos enfants. On a réfléchi à cette collection de la même manière que c’est fait à l’école des loisirs depuis des décennies. L’idée est de sortir des titres qui puissent devenir les futurs classiques de demain ou du moins des titres qui puissent être lus, relus, prêtés et qu’on est ravis de mettre dans sa bibliothèque.
C’est une collection destinée aux enfants et aux ados, comment travaille-t-on ce segment particulier ? Est-ce qu’il y a des collections équivalentes, des magazines au Japon où vous piochez des titres ?
R.I : C’était la question de notre tout premier rendez-vous professionnel avec Mickaël Brun-Arnaud et Agathe Jacon, la directrice du développement de l’école des loisirs et Rue de Sèvres, durant lequel on a parlé de la possibilité de créer cette collection. Il était assez évident qu’on voulait tous retrouver une ligne éditoriale qui correspondait à ce qu’est l’école des loisirs, c’est-à-dire de jolies histoires qui transmettent des belles valeurs, qui racontent des vraies choses, qui sont touchantes et qui ont des graphismes intéressants.
En regardant le marché jeunesse au Japon, on a réalisé que ce n’était pas du tout ce qu’on cherchait. Beaucoup d’albums jeunesse au Japon ont des graphismes et des histoires qui sont peu attractifs pour un lectorat français ou qui sont difficilement exportables à l’étranger. C’est pour cela que l’on trouve beaucoup de titres de la collection qui ne sont pas considérés comme des albums jeunesse au Japon. Par exemple, La Forêt magique d’Hoshigahara est paru dans le magazine Nemuki qui est le magazine dans lequel publie Junji Itō.
Trouver les bons titres pour cette collection, c’est tout un travail de veille et de recherche. Finalement, la grande majorité de ce qu’on a trouvé, ce sont des titres publiés pour un autre public au Japon. Tout notre travail, c’est justement de trouver les bon titres qui puissent correspondre au public jeunesse français. C’est un challenge, mais c’est ça qui est intéressant !
Et du coup, comment on démarre une collection de zéro, comment on obtient la confiance des éditeurs japonais?
R.I. : Il y a plusieurs choses. Déjà, le fait que ce soit l’école des loisirs qui soit derrière le projet met tout le monde en confiance. C’est une maison centenaire et qui est le leader sur le marché de la jeunesse en France. Il y a aussi la présence de Mickaël Brun-Arnaud qui est l’auteur d’une série de romans jeunesse best-sellers, libraire et fondateur de la librairie Le Renard Doré qui est déjà reconnue par les partenaires japonais et qui a déjà reçu divers auteurs japonais. De mon côté, j’ai déjà travaillé dans l’édition, j’ai travaillé pour le festival d’Angoulême et j’écris sur la bande dessinée depuis plus d’une décennie. Il est difficile de se mettre à leur place pour répondre à cette question, mais je pense que tous ces éléments cumulés ont dû aider !
Le marché jeunesse japonais n’est pas du tout le même qu’en France, donc au début les ayants droit se sont questionnés sur notre politique éditorial et sur le public qu’on visait. On a par exemple eu des questions sur notre volonté de publier un album pour des enfants de 10 ans, alors qu’il était proposé à des femmes adultes au Japon.
En même temps ce questionnement était légitime car nous avons une ligne éditoriale inédite et différente de ce qui est fait sur le marché français. Tout le pari était justement de parvenir à faire la bonne sélection pour que la cohérence et la visée soit comprise et devienne évidente.
Pour être allé au Japon en avril dernier afin de rencontrer nos premiers ou futurs partenaires, nous avons présenté notre programme de parution pour les deux prochaines années, et nous avons été ravis de voir que ça a payé : les titres parlent pour nous et rendent notre volonté de diversité et d’exigence plus claire.
C’est un secteur très concurrentiel, est-ce qu’il a des titres que vous n’avez pas pu avoir ou que vous avez bataillé face à d’autres éditeurs français ? Comment se passe cette partie en coulisse, est-ce qu’il y a des agents spécifiques, des systèmes d’enchères ?
R.I. : On est vraiment nombreux sur le marché et on le savait en se lançant. Mais comme notre ligne éditoriale se veut différente de ce qui existe déjà ailleurs, on est généralement peu en concurrence. Il y a évidemment des titres qu’on a acquis en étant en concurrence avec d’autres, certains qu’on n’a pas eus, mais il y a aussi des choix qu’on fait et que personne ne ferait ailleurs, tout simplement parce que ça correspond spécifiquement à notre ligne éditoriale. Le meilleur exemple c’est Ma mamie adorée, qui est un titre qui correspond à 200 % à ce qu’on veut faire dans la collection. Je pense qu’aucun éditeur de manga français actuel aurait pris ce risque, alors que pour nous c’était une évidence.
La concurrence existe plutôt sur les titres de la tranche d’âge ado. Elle est plus exploitée en France et donc c’est surtout là-dessus qu’on se retrouve en concurrence sur certains titres. Pour certains d’entre eux, qu’on pourrait qualifier de middle seller, il peut y avoir des enchères qui peuvent monter très haut. Le marché est si dense et diversifié qu’on se retrouve en concurrence sur des titres sur lesquels, il y a quelques années, on ne l’aurait pas été.
Daisuke Igarashi mais aussi Hisae Iwaoka qui dessine La Forêt magique de Hoshigahara était connue pour La Cité Saturne: Et est-ce que c’était complexe parce qu’il avait déjà un éditeur français ?
R.I. : Il n’y a pas de règle préétablie. Il y a des auteurices qui n’ont jamais été républiés en France, comme par exemple, Hisae Iwaoka. Elle a été publiée chez Kana, mais il n’y a plus rien eu depuis La Cité Saturne. Par contre, Daisuke Igarashi a eu un regain d’intérêt avec la republication des Enfants de la mer, et plus récemment de Petite forêt. Certains auteurs connaissent un regain d’intérêt et d’autres pas particulièrement. C’est vraiment au cas par cas.
Pour La Forêt magique d’Hoshigahara, on a été en concurrence alors que le titre était disponible et terminé depuis des années. Après, il faut avoir quelque chose en tête – et ça, je pense que ce n’est pas évident pour le lectorat– c’est que quand on fait une offre sur un titre, on est généralement censé le publier dans les 24 mois. Ce qui fait qu’on ne peut pas mettre de côté des titres qui sortiront en 2028, parce que les éditeurs japonais veulent qu’on le sorte rapidement.
Cette contrainte fait qu’il y a aujourd’hui une prime à la nouveauté car quand on fait une offre sur une nouveauté, on doit la sortir dans les 2 ans. Et en même temps tout le monde veut éviter de passer à côté des nouveautés… Donc quand le public se demande pourquoi il y a tant de nouveautés et peu de fond, c’est que ce n’est pas si évident de pouvoir jongler avec les plannings et les offres, car on peut difficilement mettre au frigo des titres publiés il y a longtemps pour les sortir 3-4 ans plus tard.
On a fait le choix d’avoir un nombre de sorties très limité comme c’est le cas chez Rue de Sèvres depuis maintenant 10 ans. On a aussi choisi de publier très peu : avoir 16 titres par an nous oblige à avoir une exigence certaine dans le choix des livres.
Toi qui lisais beaucoup, est-ce que tu orientes plus tes lectures ou est-ce que tu es focalisé uniquement sur le fait de dénicher de nouveaux titres ?
R.I. : Je lis beaucoup, je lis tout le temps. J’ai toujours lu énormément car en lisant tu as une vision panoramique du marché et tu vois les choses différemment. C’est important, parce que tu ne peux pas juste dénicher des titres pour ta collection à toi en étant détaché de ce qui se fait autour, sinon tes choix sont moins pertinents. Je pense qu’il faut lire de tout, ce qui est novateur, ce qui est bon, mais aussi ce qui n’est pas bon pour tout mettre en perspective. C’est indispensable même si la charge de travail est certaine.
Et je pense qu’il faut lire du manga, des BD, des comics, et d’autres choses, parce que c’est ça qui enrichit la connaissance du médium et qui fait que le choix devient plus subtil. Ça ouvre le champ des possibles tant au niveau personnel que professionnel !
Pour les prochains titres, on aura Petit Requin de Penguin Box, les Contes fabuleux de la nuit de Miyako Miiya et la suite de La Forêt magique de Hoshigahara – Hisae Iwaoka. Est-ce que ces sorties complètent les titres de lancement ?
R.I. : Tout à fait. L’idée de cette première année c’est de montrer ce qu’on est capable de faire et ce que la collection peut proposer. Il y a un titre qui sortira en octobre qui ouvrira encore un peu plus le champ de la collection adolescente, mais j’en dirai pas plus parce que ce n’est pas encore annoncé…
Pour les sorties de juin, il y a les Contes fabuleux de la nuit qui est un recueil d’histoires courtes dans lequel l’autrice expérimente beaucoup de choses et touche à plein de registres. Le tout avec un dessin magnifique qui se détache de la norme. On veut ouvrir le lectorat à d’autres histoires et à d’autres graphismes, et ce titre le montrera sans détour.
Petit requin c’est extrêmement mignon. C’est un manga de première lecture avec peu de texte, mais qui pourra aussi être apprécié adulte. Le titre a été adapté en dessin animé au Japon., de manière très fidèle à la version papier. C’est une porte d’entrée facile vers le manga tant c’est accessible et accueillant. Il y a peu de texte et la grande majorité des histoires est immédiatement compréhensible. Ça d’ailleurs été un critère de savoir qu’on pouvait mettre ce livre dans les mains des enfants qui n’avaient pas encore appris à lire. C’est un album d’une douceur folle qui nous a tous eu en interne (rires) !
En septembre, il y a Le Petit monde de Kabocha de Daisuke Igarashi. Comme Hisae Iwaoka, c’est un auteur que je suis allé voir directement à partir du moment où on a décidé de lancer la collection. À mes yeux, Les Enfants de la mer est un des chefs-d’œuvre de la bande dessinée mondiale. Ce titre a marqué mon parcours de lecteur comme ça a été le cas de La Cité Saturne. C’est des auteurs qu’il était évident d’avoir dans la collection avec ces deux titres qui collent parfaitement à ce que l’on cherche.
Le petit monde de Kabocha c’était une évidence ! C’est le titre le plus accessible de Daisuke Igarashi, il peut passer entre toutes les mains. C’est tout simple, c’est l’histoire d’une petite chatte et de son maître qui arrivent à la campagne et on suit leur arrivée dans ce milieu. C’est un album feel good très abordable et très agréable. C’est aussi un manga de chat, où chaque case est dessinée avec une telle sensibilité que les propriétaires de chats sauront reconnaitre l’authenticité de ce récit. Et ce n’est pas uniquement un manga de chat, c’est aussi un manga qui dépeint une tranche de vie qui fait du bien.
Daisuke Igarashi est un artiste au talent incroyable. J’aime tellement son travail que j’ai osé demander l’intégralité des planches couleurs qu’il avait dessiné pour la prépublication afin de les proposer dans l’édition française. J’ai été entendu, car Daisuke Igarashi a pris le temps de chercher les planches alors que c’est un album assez ancien et de toutes les rescanner spécifiquement pour nous. On va avoir une édition française presque collector, puisque ce sera la seule qui possède la totalité des planches couleurs dessinées par l’auteur !
Es-tu satisfait des premiers retours librairies, des premières rencontres ?
R.I. : On a imprimé La Forêt magique de Hoshigahara en avance pour avoir un exemple concret de ce qu’on souhaite proposer afin de l’avoir dès janvier à Angoulême. C’est un grand format par rapport aux mangas classiques et c’est une volonté de construire la collection en s’y tenant, car c’est la jonction parfaite entre les livres jeunesse de l’école des loisirs, la bande dessinée qu’on a chez Rue de Sèvres et le format manga classique. C’est un format qui permet de profiter de l’histoire de la meilleure des manières et qui est connu du lectorat jeunesse parce que beaucoup de BD jeunesse qui sortent en France ont un format de ce type ou un peu plus grand.
On voulait aussi montrer qu’on publie des beaux livres et ça a toujours été le cas à l’école des loisirs et chez Rue de Sèvres. On fait attention à avoir un papier de qualité, une jaquette travaillée, une direction artistique cohérente sur l’ensemble de la collection, une traduction de qualité et un travail graphique minutieux. On tenait aussi à ce que le prix soit abordable, malgré le fait que ce soit un grand format. C’était important pour nous d’allier qualité et accessibilité.
Depuis janvier, on a des retours très positifs. Des libraires sont revenus vers nous pour nous exprimer le fait qu’ils attendaient depuis longtemps une collection jeunesse parce qu’il y a une vraie demande. Les titres qu’on propose ont l’air de répondre aux attentes et c’est très plaisant pour nous. Il y a beaucoup de coups de cœur et de mises en avant de la part des professionnels, ce qui prouve que les titres ont plu. Du côté des lecteurs, j’ai également vu que des retours positifs, même si c’est encore un peu tôt pour dire si c’est un succès ou non. Ce qui est bien avec une maison d’édition comme l’école des loisirs, c’est qu’on a le temps. On ne recherche pas des titres qui vont devenir numéro 1 des ventes en quelques mois et faire de nous les leaders du marché. On prend le temps de travailler puis défendre chaque titre au mieux, pour lui donner le plus de chance possible. Et ça, c’est important !
Ça rejoint ce que je disais précédemment : on espère que nos choix soient assez bons pour qu’ils deviennent des classiques de demain et qu’ils deviendront des long sellers et que le bouche à oreille, les recommandations des professionnels et des lecteurs entre eux permet à la collection de prendre sa place.
N’hésitez pas à nous dire en commentaires si vous avez lu l’un de ces titres pour prolonger la discussion. Sur les réseaux sociaux de la collection vous pouvez suivre les annonces des prochains titres, comme Le petit monde de Kabocha de Daisuke Igarashi dont nous parlions plus haut, qui vient d’être dévoilé.
💡 Et j’en profite pour rappeler qu’avec Rémi nous avons écrit ensemble un guide sur les mangas et bande dessinée venus de toute l’Asie : 9eme ART PANORAMA, Les 50 titres cultes de la bande dessinée asiatique. Dispo en librairie depuis l’an dernier, ce guide propose de découvrir les auteurices indispensables à travers une sélection de one-shots.
Thomas Mourier, le 19/06/2024
Interview de Rémi Inghilterra pour Le Renard Doré
Hisae Iwaoka, - La Forêt Magique de Hoshigahara T1 - Le Renard Doré
Junko Honma - Ma Mamie Adorée T1 - Le Renard Doré
Ho, - Le Voyage d’Ours-Lune - Le Renard Doré
Miyako Miiya -Les contes fabuleux de la nuit- Le Renard Doré
Penguin box - Petit requin T1 - Le Renard Doré
Toutes les images sont protégées :
Le Voyage d’Ours-Lune : © Ho, 2020 / Bungeishunju Ltd.
La Forêt Magique de Hoshigahara T1 : © IWAOKA Hisae 2009 / Asahi Shimbun Publications Inc.
La Forêt Magique de Hoshigahara T2 : © IWAOKA Hisae 2011 / Asahi Shimbun Publications Inc.
Ma Mamie Adorée : ©Junko Honma 2019 / KADOKAWA CORPORATION
Petit Requin T1 : ©PENGUINBOX 2022 / KADOKAWA CORPORATION
Petit Requin T2 : ©PENGUINBOX 2022 / KADOKAWA CORPORATION
Contes fabuleux de la nuit : ©Miyako Miiya 2021 / KADOKAWA CORPORATION
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