Mitsutoshi Hanaga et ses moines zen qui maudissent les pollueurs
En 1970, le photojournaliste Mitsutoshi Hanaga a documenté les actions d'un groupe de moines bouddhistes qui parcouraient le Japon en jetant des sorts aux propriétaires des entreprises les plus polluantes du pays. Son reportage était exposé cet été au GetXPhoto à Ereaga Beach au Pays Basque espagnol.
Ils s'appelaient Jusatsu Kitō Shūdan (littéralement, "les moines qui apportent la malédiction") et avaient décidé de se faire justice eux-mêmes en raison de l'augmentation des maladies causées par les usines, les mines et les raffineries. Armés de leurs bannières et d'instruments de musique, ils organisent des processions et des cérémonies, chantent, prient, méditent, psalmodient des mantras et visitent les malades atteints de ce qu'on appelle les yondai kōgai-byō, de nouvelles affections d'origine environnementale causées par les déversements et les émissions toxiques de l'industrie. Le collectif est bientôt rejoint par des représentants d'autres branches du bouddhisme, ainsi que par des étudiants et des activistes, dans ce qui deviendra la première grande mobilisation environnementale de l'histoire du Japon.
Mitsutoshi Hanaga est né en 1933 à Tokyo, au Japon. Il a étudié l'art à l'université Bunka Gakuin en 1958. Inspiré par Man Ray et László Moholy-Nagy, il commence à expérimenter les photogrammes et la décalcomanie. Après sa première exposition personnelle en 1961, il devient l'assistant du photographe Imai Hisae. À partir de 1962, il travaille comme photographe indépendant pour des hebdomadaires et des magazines d'art. Son travail a été exposé dans des lieux aussi renommés que le Tokyo Metropolitan Museum of Art, la Biennale de Venise, le Festival d'Avignon ou le Centre Pompidou, entre autres. Mitsutoshi a participé aux collectifs artistiques Jack Society et Video Hiroba, et en 1981, il a participé au lancement de Focus, l'un des premiers hebdomadaires photographiques. À partir de 1982, il expose de plus en plus son travail sur la danse butoh, tant au Japon qu'à l'étranger, notamment en France. Depuis sa mort en 1999, ses photographies ont été exposées par les galeries japonaises Kochūten et Aoyama Meguro, ce qui lui a valu une attention particulière au niveau international. A juste titre.
Jean-Pierre Simard le 1/10/2023
Mitsutoshi Hanaga et ses moines (70's) priant pour tuer les propriétaires d'entreprises responsables de pollutions environnementales