Adrian Armstrong met de l'or(dre) dans l'identité afro-américaine
Avec Everything that Glitters is Gold, l’artiste dévoile, dans des décors intimes et poignants, une sélection d’œuvres explorant l’influence de la culture populaire et du lieu de naissance sur la formation de l’image de soi : une invitation à adopter un nouveau regard sur les scènes familières qui nous entourent et explorer les complexités de l’identité.
Né en 1990 à Omaha dans le Nebraska, Adrian Armstrong vit et travaille à Los Angeles en Californie. Il a obtenu son BFA de l’Université du Nebraska - Lincoln en 2014. C’est un artiste multidisciplinaire, dont la pratique artistique englobe le dessin, la peinture, l’installation et le son. Son travail documente les expériences noires contemporaines aux États-Unis et s’intéresse particulièrement à la manière dont ces expériences se croisent avec l’histoire de la photographie, du portrait et du collage.
Armstrong utilise ses amis, membres de la famille et connaissances, comme sujets pour créer des œuvres qui explorent l’influence de la culture populaire et du lieu de naissance sur la formation de l’image de soi. Il se représente également dans ses toiles en tant qu’« homme ordinaire », apparaissant seul ou en groupe.
Armstrong combine plusieurs techniques et textures, telles que le stylo à bille, la peinture acrylique et les collages. Ses œuvres sont intentionnellement laissées incomplètes, pour inviter le spectateur à collaborer et à imaginer comment il terminerait le travail.
Dans des décors intimes et poignants, les figures de Adrian Armstrong incarnent souvent un large éventail d’états psychologiques, notamment la joie, le bonheur, l’introspection et la dysphorie. Les œuvres d’Armstrong incitent le spectateur à adopter un nouveau regard sur des scènes familières. En fin de compte, son travail est une exploration des complexités de l’identité. Il souhaite mettre en avant l’importance de la communauté et montrer combien il est crucial de s’accepter mutuellement malgré nos différences.
Le titre de l’exposition « Everything that Glitters is Gold » fait référence à la signification culturelle de l’or associé à la culture africaine symbolisant la richesse, la prospérité et la royauté. D’autre part, les éléments scintillants évoquent un sentiment de célébration et de joie. Ils sont intégrés dans les expressions artistiques de la communauté noire à Austin pour célébrer l’unité communautaire.
On a envie de dire qu’enfin ici quelqu’un met des images sur les mots de Colson Whitehead : celui de Underground Railroad ou Nickel Boys, pour ne citer que les derniers… que depuis l’avènement des milliardaires du hip hop et des actreurs/trices du cinéma et des séries TV, les acteurs culturels d’aujourd’hui - après avoir défini la street culture - se la laissent revendre par les grands couturiers et leurs stylistes à prix d’or évidemment. Et cela signifie qu’avec l’arrivée de la communauté noire en haut de l’échelle sociale, le rêve américain s’est trouvé de nouveaux adeptes. Cela peut venir du fait qu’après la privation, on joue là la sur-consommation pour montrer qu’une certaine reconnaissance sociale est installée là ; quitte à la mettre en scène dans sa multiplicité sans avoir à renier quoi que ce soit.
De la pluralité de la vision d’Armstrong naît un effet miroir saisissant, un témoignage de l’ici et maintenant des changements structurels/culturels des USA du XXIe siècle. ET cela mérite le détour !
Jean-Pierre Simard le 19/06/2023
Adrian Armstrong - Everything that Glitters is Gold -) 13/07/2023
Galerie Camille Pouyfaucon 19, rue Guénégaud, 75006 Paris