La légende Neal Adams (Batman, Green Lantern) nous a quittés
Que ce soit son flamboyant passage sur Batman, son audace autour de Green Lantern, ses co-créations iconiques comme Ra’s Al Ghul ou son engagement en faveur des artistes, Neal Adams restera immortel.
On revient sur une triste actualité cette semaine, le dessinateur est mort le 28 avril 2022 à la suite d’une infection septicémique à l’âge de 80 ans. L’artiste qui n’était pas avare de sa personne restait très présent dans les médias ses dernières années ou dans les conventions. Derrière la figure du type jovial, toujours en chemise cravate, se cache l’un des plus grands auteurs qui a marqué l’histoire de la bande dessinée à plus d’un titre.
Le Bat-boy
Grand styliste, dessinateur emblématique de l’écurie DC Comics, Adams a touché à tous les personnages et a imprimé sa patte sur bon nombre d’entre eux. L’artiste né en 1941 est passé par l’humour, la publicité et pas mal d’éditeurs avant de se faire remarquer pour ses planches mettant en scène Deadman dans Strange Adventures chez DC, son style réaliste et plein d’idées éclate et l’auteur enchaîne les séries chez Marvel, des X-Men aux Avengers avant de revenir chez DC pour ce qui sera le tournant de sa carrière, son travail avec Dennis O’Neil sur Batman.
Le dessinateur avait déjà commencé à modifier l’apparence du Batman dans les pages de The Brave and The Bold quelques années avant d’attaquer sa réécriture avec Dennis O’Neil en 1970. Les auteurs recentrent son univers dans un cadre réaliste, nocturne, effrayant qui tranche avec l’esprit léger qui avait gagné le héros plus si sombre. Ils ne se limitent pas à redéfinir Batman mais vont donner l’étincelle essentielle à ce qui fait le sel de ce personnage : ses ennemis. Ils offrent au Joker sa stature de méchant ultime, les vilains comme double-face deviennent de véritables dangers, ils créent un ennemi moins loufoque qu’à l’accoutumée, Ra’s al Ghul, dont les répercussions iront jusqu’à la descendance de Bruce, les auteurs n’oublient pas les créatures de cauchemar avec Man-Bat qui semble tout droit sorti d’un combat de Spider-Man.
En vert et contre tous
Non content de révolutionner Batman, le prolifique duo s’empare d’un héros en perdition Green Lantern qu’ils vont relancer dans un titre incroyable, aux antipodes de ce qu’imaginaient leurs éditeurs et les derniers lecteurs du héros à l’anneau. Ils vont associer le personnage à celui de Green Arrow dans un road trip à travers les États unis où ils vont aborder des thématiques sociétales inédites dans un comics de ce calibre. Les héros sont confrontés à la pauvreté, le racisme, la pollution, le fanatisme religieux et la drogue dans une exploration de l’Amérique contemporaine des artistes. Si les plus grands héros, capables de combats cosmiques ne peuvent pas sauver les citoyens de leur propre gouvernement, que faire. Si vous n’avez pas lu cette histoire qui détonne dans l’univers du héros d’émeraude, foncez ! Vous découvrirez le style iconique d’Adams dans une histoire où les héros se préoccupent de ce qui se passe ici et maintenant.
Pour tous ses personnages, le succès est fulgurant et la carrière de Neal Adams reste éclair, puisqu’il arrêtera son travail sur Batman en 1974 et ne reviendra que pour des couvertures, des histoires courtes (comme Superman Vs Muhamad Ali en 1978), des histoires hommages, des illustrations…
L’arrivée du chevalier blanc
Adams est pour beaucoup d’auteurs un mentor et une figure importante de la transmission, que ce soit pour des artistes comme Bill Sienkiewicz ou Frank Miller qui prolongera la réécriture de Batman après Neal Adams & Dennis O’Neil.
En parallèle, il s’impose comme l’un des auteurs qui a lutté pour la reconnaissance des artistes, la promotion des conditions de travail au sein de l’industrie et en poussant les éditeurs à rendre leurs planches originales à leurs créateurs.
Au milieu des années ‘70, il sera l’un des soutiens importants pour Jerry Siegel et Joe Shuster en lutte contre DC pour la reconnaissance et les droits de Superman, alors que la création & leur héros leur avaient échappé juridiquement depuis leurs débuts. À l’occasion de la sortie de l’adaptation ciné, les créateurs sont enfin reconnus et crédités, une victoire immense même si l’argent ne sera pas vraiment au rendez-vous au regard des bénéfices encaissés par la firme (vous pouvez en savoir plus, en lisant cet album : Joe Shuster, un rêve américain de Julian Voloj & Thomas Campi)
À travers ses livres, Neal Adams est immortel ! Nos pensées vont bien sûr à ses proches et on remercie tous ceux qui partagent son travail et des souvenirs depuis une semaine, pour entretenir sa mémoire. On se quitte avec une interview de 2018 sur ComicsBlog où il parlait avec humour et aplomb de SON Batman.
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Thomas Mourier le 9/05/2022
La légende Neal Adams nous a quittés à 80 ans