Respirer un peu ( enfin !)
Du souffle coupé à l'inspiration profonde, de la respiration entravée à la bouffée d’air frais, l’exposition « Respirer » offre une rétrospective originale sur les enjeux de l’année 2020, à travers les œuvres de cinq artistes de l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges.
Du souffle coupé à l'inspiration profonde, de la respiration entravée à la bouffée d’air frais, Respirer offre une rétrospective originale sur les enjeux de l’année 2020, à travers les œuvres de cinq artistes de l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges. Elle rassemble les œuvres de cinq jeunes artistes : June Balthazard, Steeve Bauras, Princia Itoua, Gregory Olympio et Didier Viodé. Initiée par Stéphanie Jamet, enseignante en histoire de l’art, elle est produite par l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges en collaboration avec la galerie La Box. Le souffle – ou son absence – lui sert de fil rouge.
L’exposition « Respirer » entre en résonance avec les aspects les plus sombres de l’année 2020. On entend derrière son titre les mots tragiques d’un homme qui, aux États-Unis, répète, encore et encore qu’il manque d’air… jusqu’à la mort. Plusieurs œuvres démêlent les implications historiques et personnelles d’une simple couleur de peau.
June Balthazard consacre un film animé à sa grand-mère amnésique, originaire de l’île de Maurice. Au gré des lignes qui se font et se défont, dans l’atmosphère étouffante d’un dessin en noir et blanc, elle dresse le portrait de sa créolité, enracinée dans l’esclavage de ses ancêtres.
Le Portrait (Femme Debout) de Gregory Olympio est celui d’une femme à la peau mordorée qui relève la tête fièrement et qui inspire un grand coup à travers des narines gonflées. Un fond solaire complimente son teint et le rose de son maillot de bain. Les couleurs reviennent.
La série de photographies «New Homelands» est comme un bol d’air frais. Princia Itoua cherche dans la campagne française des points communs avec les paysages africains qu’il a connus dans sa jeunesse. Un sentiment de mélancolie, mêlé à une forme de réconciliation, s’en dégage. Sa Jardinière rassemble des plantes d’origines différentes, qui cohabitent et grandissent en un même espace de vie.
Respirer revient également sur l’enfermement singulier qui caractérise nos existences depuis la pandémie du Covid. Durant le premier confinement, Didier Viodé a réalisé près de soixante autoportraits : ses Autoportraits d’un confiné. Il en présente sept, un pour chacun des jours de la semaine qui semblaient ne jamais finir, suspendus comme la vie et le souffle. Son visage apparaît tantôt masqué, tantôt démasqué. Au fur et à mesure, il s’efface derrière le masque qui se transforme ensuite en masque africain. La quête d’une identité en temps de pandémie.
Des paysages de Gregory Olympio, intitulés Respirations, se dégage un étrange malaise. Les couleurs paraissent artificielles, les formes indéterminées, comme d’une nature apocalyptique. On ne sait plus ce que l’on voit, ni où l’on est.
L’atmosphère des photographies en noir et blanc du 3K Project de Steeve Bauras, est également pesante. Des jeunes font du skate dans des bâtiments abandonnés. La fierté de leur posture contraste avec l’absence de leur visage occulté par un masque ou par l’obscurité du lieu.
La bonne nouvelle du jour étant que Derek Chauvin vient d’être condamné pour le meurtre de George Floyd.
Louis de Commines le 22/04/2021
Respirer -> 30/04/2021
Galerie La Box 9, rue Edouard Branly 18000 Bourges