Martha Wilson et ses performances politiques
2021, coup double pour l’artiste américaine Martha Wilson à l’honneur avec plusieurs événements dont une seconde exposition personnelle à la galerie mfc-michèle didier et une première exposition monographique au Centre Pompidou. De quoi défriser à plat les ronchons cacochymes…
L’exposition à la galerie mfc-michèle didier présentera un ensemble de vidéos intitulé The Political and Performance Art Collection dans lequel l’artiste incarne et performe des personnalités politiques comme Nancy Reagan, Barbara Bush, Donald Trump ou encore Tipper Gore.
Si les photographies de Martha Wilson se jouent de la représentation d’archétypes dans un style plutôt dramatique et introspectif, la série de performances The Political and Performance Art Collection affiche un registre résolument satirique à l’intersection du burlesque et de la pantomime.
La pantomime est une forme théâtrale développée depuis longtemps en Angleterre, dérivée pour partie de la Commedia dell’Arte, et d’un répertoire de personnages récurrents comme Harlequin, Colombine ou Pantalone. La pantomime combine généralement un humour acide et parodique à une forme de protestation politique sur fond de sujets populaires. Elle comprend aussi des chansons, du travestissement et des danses. C’est une forme de théâtre participatif, dans lequel le public interagit avec le performeur à l’instar du stand-up que nous verrons apparaitre plus tard.
Martha Wilson intègre dans son travail performatif des codes qui s’y réfèrent, tout en s’inscrivant également dans une forme d’_Extravanganza,_ elle-même héritée du Burlesque victorien importé aux États Unis au milieu du 19e siècle. Aussi appelé Travesty, ce genre théâtral est un pastiche, une parodie dans laquelle une histoire, un texte ou un personnage est rejoué dans le but de lui donner un caractère contestataire et subversif, tout en conservant une dimension comique.
Dans la continuité de sa recherche sur la place accordée aux femmes dans le société, la First Lady est un nouveau Model de représentation directement associé au pouvoir : « Women are second-class citizens. The First Lady is not allowed to be in charge; she is allowed to beautify the roadsides or promote libraries, but she’s not allowed to run things. »
Ainsi dans son travail d’imitation, Martha Wilson ne cherche donc pas à contrefaire parfaitement les First Ladies, elle les porte, les utilise, comme en atteste le titre de la vidéo : Martha Wilson Wears Nancy Reagan. En soi, la First Lady est une image, une tenue que Martha Wilson vient enfiler à la manière d’un ventriloque grotesque, les faisant parler, chanter ou gesticuler, faisant de Nancy Reagan un personnage aussi étrange et excentrique que le Frank-N-Furter du Rocky Horror Picture Show.
En regard de cet ensemble, et dans le cadre d’une Carte blanche proposée à Martha Wilson, nous présenterons dans l’exposition les artistes ayant eu une influence particulière sur son travail. Leurs œuvres se sont révélées déterminantes dans sa propre production, aussi bien dans son approche de la performance, de la question du genre et du féminisme, de la représentation de soi et du militantisme, que celle de la question de l’art.
Ces œuvres d’artistes internationaux, pour la majeure partie produites dans les années 70, seront présentées à la galerie et à la FIAC 2021 sur le stand de mfc-michèle didier. Il s’agit de Vito Acconci, Lynda Benglis, Judith Bernstein, Ilona Granet, Barbara Kruger, Suzy Lake, Howardena Pindell et Carolee Schneemann.
Journals. Ce focus sur les premières années du travail de Martha Wilson sera encore approfondi grâce et avec la publication de Journals par mfc-michèle didier. La publication est une sélection par Martha Wilson de pages extraites de ses journaux intimes restituant son expérience de femme et d’artiste entre 1965 et 1983. Mettant en place un dialogue intérieur, Journals est ponctué de notes personnelles, de notes de travail, de considérations, d’adresses à elle-même mais aussi à ses proches. La publication restitue la psyché d’une artiste en devenir, mettant en scène son travail mais aussi sa représentation dans une forme d’introspection se posant comme miroir de sa propre pratique performative.
Pour la Carte Blanche, nos remerciements à la Galerie Garth Greenan (New York), Karma international (Zurich), Osart Gallery (Milan), Georgia Sherman Projects (Toronto) et Specific Object (New York).
JImmy Cratère le 20/10/2021
Martha Wilson - The Political and Performance Art Collection, Carte blanche, Journals -> 8/01/2022
Galerie mfc- Michèle Didier 66, rue Notre-Dame de Nazareth 75003 Paris