Du noir, toujours du noir autour d'André Marfaing chez Berthet-Aittouarès
Le but de cette exposition est de montrer la continuation par d’autres des recherches d’André Marfaing, figure emblématique du noir, par des artistes peintres, photographes et installateurs pour qui le noir est matière première, matière à réflexions.
Et, pour ce faire, ont été convoqués Eric Antoine, Jean Degottex, Valerio Fasciani, Marc Ferroud, Mario Giacomelli, Hans Hartung, André Marfaing, Henri Michaux, Vera Molnar, François Morellet, Antonio Saura, Antoine Schneck , Pierre Tal Coat, Etienne Viard et Zao Wou-Ki.
Parce qu’un jour, Matisse a déclaré « le noir est une couleur », son affirmation a fait école.
C’est le titre qu’a pris l’exposition de la galerie Maeght à Paris en 1946 et qui réunissait les plus grands coloristes du siècle dernier: Bonnard, Braque, Matisse… De l’autre côté de l’Atlantique, le noir devint aussi dès la fin des années 40 un médium privilégié pour des artistes comme Robert Motherwell ou Franz Kline.
Cette couleur si appréciée, matière à expérimentations, a emprunté des formes multiples. « Les noirs sont pluriels, écrit Gilbert Lascault, les noirs sont divers changeants, précieux, chatoyants… » Médium avec lequel l’artiste fusionne, avec lequel il révèle de façon, directe, authentique, sans tromperie, l’essentiel de sa pensée.
Pour certains artistes tout est dit avec le noir, toutes les couleurs sont évoquées. Soulages constitue une gamme de noirs, associant en particulier à son nom celui des noirs extrêmes, les outre-noirs. Le noir devient évocation de lumière; lumière réelle et lumière spirituelle. C’est ainsi qu’André Marfaing épouse le noir durant toute sa carrière. Le noir, écrit-il « est pour moi le moyen d’expression le plus naturel».
De Marfaing, Frédéric Edelmann affirmait :
C’est un des grands broyeurs de noir apparus après la dernière guerre, mais il caresse cette couleur avec prudence, tendresse et fermeté. On peut opposer Soulages, tempétueux, matériel, sensuel, même sous la rigueur de ses dernières toiles, à la sévérité, à l'ascétisme de Marfaing. La peinture tourmentée et batailleuse laisse peu à peu la place à un art sans matière, où le blanc, souligné d'éclairs bleus, se charge de toute l'énergie d'une lame à l'instant de frapper.
L’exposition ouvre ce vendredi 2/7, l’occasion de voir comment la notion et les approches du noir ont évolué depuis le décès de Marfaing. Allez, noir c’est noir - mais pas une raison de perdre tout espoir. On sait depuis le baroque que la lumière n’est que l’autre versant de l’ombre. Venez donc vérifier …
Jean-Pierre Simard le 30/06/2020
Noir, c’est noir -> 30/07/2020
Galerie Berthet – Aittouarès 14 et 29, rue de Seine 75006 Paris