Les lumières vagabondes de Deborah Bay
A retrouver la magie première de la photographie, Deborah Bay transforme de simples objets en abstractions chatoyantes. Repartant des travaux d’Isaac Newton sur la décomposition de la lumière, le fameux traité d’optique inaugural, Traveling Light mixe photo et science.
Photographe de Houston et passionnée de sciences, Deborah Bay joue avec l'optique et la lumière dans des installations qui rappellent les premières expériences de Newton. Pour sa série Traveling Light, elle a collectionné prismes et lentilles pour créer des compositions abstraites comprenant des lignes et des formes immatérielles de couleur. "Je ne suis pas une scientifique, mais je suis intriguée par les phénomènes physiques", explique Bay. "Il est intéressant de voir la façon dont la lumière interagit avec ces objets optiques ; une couleur apparaîtra sur une partie de la lentille, mais la lumière qui se dirige vers un côté différent apportera d'autres teintes".
Le processus séduisant de Bay s'apparente à un jeu improvisé. "Mon approche est largement intuitive et n'est pas sans rappeler celle d'un enfant qui joue", explique-t-elle. "Parfois, je vais au studio avec une idée, et d'autres fois, j'y vais sans plan particulier. Je crée des groupes similaires ou complémentaires d'objets transparents ou translucides. Chaque fois que je change mon éclairage, j'obtiens une nouvelle image".
Cette approche rappelle les expérimentations dadaïstes et surréalistes en chambre noire, les abstractions photographiques en noir et blanc issues d'un amour de l'improvisation et de la curiosité, ainsi que les explorations inconscientes du monde phénoménal. Un siècle après les premières enquêtes expérimentales de Dada et du surréalisme, l'utilisation de procédés aléatoires comme stratégie d'investigation artistique reste un élément crucial de la pratique de nombreux photographes. En travaillant avec de petits objets optiques, souvent imparfaits, Bay ouvre délibérément son processus au hasard, lui permettant de découvrir des phénomènes subtils qu'elle n'aurait peut-être jamais vus autrement.
"Souvent, quand on regarde, on rate tellement de choses. Comme mes éléments n'ont qu'un ou deux pouces de diamètre, je ne sais jamais exactement à quoi ressemblera une photo avant de l'avoir prise. Dans mes tirages de 40 pouces, je peux voir des détails subtils que je n'aurais jamais observés à l'œil nu ou pris le temps d'apprécier, comme la façon dont la lumière se déplace sur le bord fin d'un objectif", explique Bay. Traveling Light suggère que nous pourrions toujours voir plus que ce que nos sens nous le permettent. En dévoilant ces petits arcs-en-ciel aux spectateurs, Bay transforme ses impulsions expérimentales en une expansion de notre propre vision.
Deborah Bay vit à Houston et est diplômée de l'Université du Texas. C’est une artiste américaine spécialisée dans la photographie de studio qui a exposé dans tous les États-Unis, et plus récemment à Photoville Brooklyn et à Texas Contemporary 2019. Son travail a été distingué par le Texas National 2018, et elle a été finaliste du Artadia Houston 2015. Ses œuvres font partie de la collection du Musée des Beaux-Arts de Houston, comme du Dorsky Museum of Art de l'Université d'État de New York à New Paltz. Le British Journal of Photography a présenté son travail en couverture et ses images ont également été publiées dans le Oxford American, le BBC Focus et Popular Photography.
Plus sur son travail, sur son site ici
Les lumières vagabondes de Deborah Bay
Texte de Liz Sales, adapté par Jean-Pierre Simard le 4/05/2020