Avec Studiolo, le cosmic-afro italien sort de l'ombre de la fin des 70's

Daniele Baldelli et Claudio "Mozart" Rispoli ont fait naître un son post-disco trippant à dessein qui s’est constitué autour de rythmes piqués au cosmic allemand, au funk obscur, au rock psychédélique et la pop synthétique cheap : Studiolo en témoigne.

Antinote, label indépendant basé à Paris vient de sortir une compilation mettant en valeur l’évolution sonore de l’Europe pendant la renaissance des années 80 et 90. Dans le nord-est de l’Italie au début des années 80, toute une scène locale se rassemblait autour d’une poignée de DJs qui mettaient les dancefloors en transe aux sons d’une musique « singulière », sous la forte influence des musiques, alors dites, « du monde ». Compilé par Ygal Ohayon, DJ et responsable de label depuis quelques décennies et digger invétéré, Studiolo, the 90’s afro cosmic era regroupe 8 titres qui donnent un aperçu de la scène Cosmic Club en Italie, Allemagne et Autriche de l’époque.

Les morceaux de Studiolo sont des raretés : "Indien Summer" de DJ Fred, DJ Otti & Jay Pee est un hymne à 96 BPM, sorti à l'origine en 1994 et lui-même reprise de l’ndian Summer de Max Werner, bizarrerie ethno-pop de 1981. L'original était un classique du disco cosmique joué en 45 tours au lieu de 33, mais ici, l'équipe de production munichoise a poussé le bouchon encore plus loin. Le chant des chipmunk est un effet inévitable, mais qui était intrinsèque à la méthode cosmique, comme l'a expliqué Baldelli. Le bourdon synthétique en didgeridoo, les cornes d'hirondelles et les bégaiements vocaux ne sont pas super stylés, mais c’est le charme manifeste du total mépris de la sophistication. Ce style de musique club est truffé d’effets cheesy avec des flûtes de Pan par-dessus tout - mais les meilleurs morceaux de la compile échappent par miracle aux poncifs, comme Cosmic Patch (Lazy'gal Edit) de Fred et Boran DJ. Le bluesy Tantawina de Mamukata est encore plus enivrant, avec sa voix tourbillonnante, ses arpèges pulsés et ses pads rêveurs. C'est de la transe en tout sauf le nom, la principale différence étant un élément de retenue qui assure l'effet hypnotique de la musique. Baldelli est présent sur Sonar (Virtual Version) de Virtual Roots, un morceau de 1993 qui montre comment aller au maximum tout en restant séduisant.

Certains adeptes du disco cosmique se sont moqués de la deuxième vague du son. Bill Brewster a dit un jour que "la version moderne du son afro est affreuse". Une terrible musique du monde habillée de bêtises hippies dégoulinantes". On pourrait ainsi citer Indien Summer ou Zymotic (Plastic Version de Zendy de 1991, qui vacille au bord de la folie Mais le ponpon va au Cosmic Esmeralda de Stefan Egger, au bord du ridicule mais carrément à l’est ( même sans le professeur Tournesol !). Sachant que ces trucs enflammaient les pistes de danse d’alors, rien n’empêche votre actuelle réclusion( ->fin mai) d’en profiter sur le tapis du salon. C’est très con, mais ça fait beaucoup de bien. Essayez… 

V.A - Studiolo, the 90’s afro cosmic era - Antinote
Jean-Pierre Simard le 25/03/2020