Le Pop Up du label accueille Leila Nova, le nouveau Ko Shin Moon
On adore toujours autant les labels défricheurs comme Akuphone qui accueillent les groupes trop barrés pour signer ailleurs ( Ramuntcho Matta, Dwarfs of East Agouza ou des musiques ethniques dont personne ne parle jamais…) Et là, la sortie du troisième album de Ko Shin Moon arrive à point avec ses frissons d’ailleurs.
Niko Shin et Axel Moon sont des ouvreurs de mondes. En éclatant les frontières, ils proposent à l’auditeur un voyage aussi multicolore que raffiné au sein de territoires sonores hybrides. d’une bande-son 70’s japonaise d’un fake movie Bollywoodien trituré au filtre synthétique, à d’autres pistes qui jouent par la ne bande (magnétique) à relier Raï Cosmique, Turkish New Wave, Disco Hindi, Chiptune Thaï, et bien d’autres musiques fantasmées, rendant toute liberté à l’auditeur de piocher dans les galaxies de leurs influences pour dessiner ses propres paysages. Alors, déjà, rien que pour ça, un extrait :
Ici, on privilégie l’approche sensorielle, et pour y parvenir, les Ko Shin Moon se sont armés d’un attirail impressionnant qui joue avec le patrimoine instrumental indo-européen. Des quarts de ton périlleux du Bağlama turc jusqu’aux harmoniques du Suling indonésien (une sorte de flûte en bambou), en passant par le Sitar et le Rubab afghan, c’est un panorama musical qui saute au dessus de mille frontières pour trouver sa continuité musicale au fil des titres les plus traditionnels du disque (Papilio Dance, Mishra Shivanjani, Ghazal). Dans cette fusion espace/temps d’ailleurs, les deux Parisiens donnent enfin de la voix en langue turque, française, ou même arménienne, comme sur Nazani où des vers du poète Sayat-Nova sont malaxés au vocodeur. Plus loin, Lambaya Püf De qui ne cesse d’osciller entre rythmes bombés et gifles électroniques martiales. Gonflé aux synthés, l’excité Leila Nova affiche lui aussi la couleur de cet orient bionique jusqu’à s’achever dans un final techno assumé. Une culture du beat qui façonne enfin la montée irrésistible de ce Halay 2020, un titre qui prend la forme d’un mariage entre deux mondes jusqu’à flirter avec le meilleur de leurs ainés Acid Arab, ou deux générations plus tôt avec le Malesh d’Agitation Free…
La “gentille” dictature néo-libérale au pouvoir voudrait bien pouvoir cadastrer nos échappées lyriques et nos danses sauvages. Là encore, c’est raté. Recommandé.
Jean-Pierre Simard le 30/01/2020
Ko Shin Moon - Leila Nova - Akuphone