Shatner Claus versus Jesus is King ou le tout à l'ego contre la vraie poilade
Comme ici avec le vote du Sénat sur le voile interdit de sortie, en trumperie le temps s’est figé. Et, avec le Shatner sorti l’hiver dernier, on trouve plus d’actualité qu’avec le Kanye West nouveau. Emperor’s New Clothes ?
Parlons ici d’un monde qui ne se conçoit que vu des USA. Et le problème, avec l’industrie du divertissement, c’est qu’elle ne raconte que sa propre histoire. On vit donc dans une culture auto-centrée qui se vit à travers ses mythes, de nouveaux contes et légendes qui masquent au mieux, un état de la pensée déliquescente et au pire, la fin du monde ( as we knew it!) .
D’un côté Kanye West, vrai génie musical et homme d’affaires avisé joue les prophètes, en restant à l’intérieur du mythe WASP d’un monde régi par la Bible (et Trump!), de l’autre un acteur, figure incontournable de la pop culture depuis les 60’s et Star Trek qui s’avoue toujours de gauche, et le manifeste ( moins fort que De Niro) mais toujours à bon escient. Dès lors, rien de mieux que revisiter le catalogue, comme si en repartant des fondamentaux, on allait faire du neuf, voir du mieux…
Les fêtes de Noël sont un pic de ventes de toutes les saloperies du marché, alors recontextualisons le propos d’une fête commerciale associée à la bondieuserie la plus sulpicienne qui, d’Halloween/Toussaint au jour de l’an vend, vit et pète gras.
Notre aimable Captain Kirk ( Beam me Up, Scotty !) a décidé d’en finir une bonne fois pour toutes avec un chou gras de l‘industrie du disque, l’album de Noël qui permet de consommer salutairement, en posant l’aiguille sur la platine ou en disant à Siri de balancer la sauce - c’est selon ! (dinde ou canard ?) - on citera au passé aussi bien Armstrong, Elvis, Sinatra que Bing Crosby et le Petit Papa Noël de Tino Rossi, par ici. Mais le propos du Will est d’en finir avec la soupe commune et de revisiter le catalogue à contre pied, en invitant des rockers comme : Ian Anderson, Iggy Pop, Henry Rollins, Billy Gibbons, etc. pour reprendre au passage une tradition bien spectorienne de décalage du propos, quand le Kanye ayant perdu tout pensée personnelle replonge dans ce qu’on croyait oublié depuis le passage du gospel à la soul et au R’n’B. Veut-il signifier par là qu’il n’existe aucun échappatoire à la pensée boursouflée du WASP moyen, le même qui mandate Steve Bannon ici pour soutenir l’extrême-droite européenne ? C’est à croire, puisqu’il envoie la purée avec des images digne du grand démocrate Cecil B. De Mille. L’homme d’affaire West se morigénant en suivant le rythme d’un discours prédigéré (pratique les jours de fêtes, reposant même entre la dinde et le pétard) - régresse toute - pour son propre salut, quand il ne nous intéresse que très peu à rabâcher des conneries qu’on voit déjà ici… la hip-pop culture pue des pieds- et pas seulement.
Comme client, si quelqu’un tente de me vendre des moules pas cuites, je me rabats sur les frites et ne remet plus les pieds à cet endroit. Mais là, en suivant le propos et filant la métaphore le Kanye christique ne vend qu’une veille soupe nommé rédemption en suivant le mode d’emploi… ( et ce n’est pas à la hauteur du Redemption Song de Bob, en version Cash et Strummer. Ses précédentes tentatives d’interpréter le monde à sa manière ayant échouées, il nous refile des chromos/images pieuses pour dire qu’il est toujours là. Mais c’est un peu réchauffé et il avance, ce faisant, l’idée que le monde ne peut changer sans lui/cela. C’est un peu fort de café, le rock catho existait depuis un bon demi siècle, mais le hip hop catho - qui n’en veut ?
On peut préférer la poilade de Shatner au pensum auto-centré du Jesus de pacotille qui vend sa soupe en ne parlant que de lui - rappelant ainsi les origines de la religion catholique, ( et je ne parle pas de foi ici… ) toujours du côté du manche, qui se positionne en Kanye/Trump la mort. Après rien ne vous empêche de rêver à de nouveaux cieux parcourus sur le dos du renne Rudolph. Mais, en aucun cas, on peut sereinement adhérer au propos marketing régressif du lutin de l’Ouest … Shatner 1 / West 0
Jean-Pierre Simard le 31/10/19
Shatner Claus - The Christmas Album - Cleopatra records
Kanye West - Jesus is King - Def Jam