Luigi Mainolfi en lutte avec la Nature
Pour Luigi Mainolfi, l’essence de la Nature est liée à des territoires aliénants et des peurs où l'on s'immerge. Il faut donc la réinventer dans l'art. Dernières tentatives à la Galerie Italienne, en ce moment-même.
« L’artiste que je crains le plus est la Nature » disait Luigi Mainolfi. Et en effet, on ne peut rivaliser avec la Nature sur son propre terrain… C’est en puisant dans cet extraordinaire vivier de suggestions que Mainolfi, depuis la fin des années 70, a fondé les hypothèses fondamentales de son langage en le chargeant de nouvelles énergies et tensions plastiques. Redécouvrant une attitude figurative qui semblait désormais sans lendemain, il a su mettre en jeu, avec une incroyable fraîcheur formelle, des matériaux classiques tels que la terre cuite, la pierre et le bronze considérés pourtant comme épuisés du point de vue du potentiel expressif. Il a ainsi réussi à organiser un court-circuit esthétique et culturel original — postmoderne mais sans rien d’appropriationniste — entre les échos mythiques, ancestraux et l’expérimentation, toujours recommencée, de la sensibilité contemporaine.
A bien des égards, nous pouvons considérer l’ensemble de l’œuvre de l’artiste comme une grande expression organique unitaire bigarrée qui croît sans interruption ; s’articulant et se diversifiant à l’envi, à travers un processus métamorphique continu qui prend forme dans les matériaux les plus divers, de la terre cuite au bronze, de la pierre au bois, du cuivre au fer. Les formes, empreintes d’archaïsme et de fantastique, références à des légendes et contes populaires qui s’enfoncent dans la nuit des temps, semblent naître et se concrétiser de manière quasi spontanée, auto-génératrice, loin de l’immutabilité de chaque modèle existant.
Pour Mainolfi, “la sculpture naît, se dilate, enfle et s’agite : elle veut devenir une vague, un vent, un volcan, quelque chose d’animé”.
Dès le début, ses œuvres ont quitté leurs socles pour vivre librement dans l’environnement : elles s’installent et prolifèrent sur les sols et les murs, se développant comme des organismes biomorphiques fantastiques et poussent à la manière des stalagmites, des colonnes ou des piliers, même jusqu’au plafond ; elles se concrétionnent sur des tables ; se dilatent comme des sphères et s’étendent comme des paysages sur les cimaises.
Ces configurations apparaissent alors comme des paysages magiques d’une nature imaginaire; microcosmes plastiques pleins de suggestions surprenantes, dans lesquelles on peut voyager avec l’imagination sans jamais épuiser le rôle de la fascination esthétique. Ainsi Mainolfi devient-il un sculpteur absolu.
Maxime Duchamps le 19/04/18
Luigi Mainolfi -> 7/05/ 18
Galerie Italienne 15, rue du Louvre 75001 Paris