Avec Radenko Milak, le dessin retrouve l'Histoire
Avoir subi la guerre en Yougoslavie à 11 ans doit forcément influer sur l'imaginaire d'un artiste, comme Radenko Milak. En tout cas, ses thématiques ont à voir avec l'après, dans un monde en ruines qui refuse de se voir tel. Bienvenue à l'Université du désastre qui emprunte autant au regard qu'à l'histoire de l'art. Mordant !
Radenko Milak est un artiste total qui interroge l’imaginaire de l’image, capable de penser sa peinture comme des installations qui mettent en jeu le pouvoir réel ou supposé des images, leurs conditions d’interprétation et de lecture, leur statut dans nos sociétés saturées visuellement, les codes de représentation du réel. Il nous apprend à voir à nouveau en dévoilant le potentiel esthétique de chacune des images ou de leurs fantômes qui hantent nos consciences. Une manière comme une autre de ne pas faire passer l'Histoire sous le tapis du fake…
A l’ère, non plus seulement, de sa reproductibilité, mais de son accès immédiat et incessant, l’image nous regarde, mais nous ne la voyons pas. Parallèlement, à la volonté de saisir l’Image du Temps, Radenko Milak s’est emparé de l’Image du Mouvement, allant puiser dans le répertoire mondial du cinéma, des images qu’il lie les unes et les autres, usant pour cela encore majoritairement de sa technique virtuose d’aquarelliste, mais également en usant de l’animation. Il crée l’Image mentale du cinéma en déroulant une narration singulière par le biais de ses œuvres qui empruntent à tous ces cinémas qui nous ont défini, les cinémas de Hitchcock, Godard, Bergman, Antonioni, Welles, Kalatozov, Laughton, Tarkovski.
Ses travaux, qui tendent à suivre le principe de la série, ont fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde, lors de biennales d’art, dans des musées ou centres d’art ou encore des galeries. Ses œuvres sont très souvent exposées en Europe, plus particulièrement en France et en Allemagne, où elles sont présentes dans plusieurs collections publiques comme celle du Folkwang Museum. En 2017, il est artiste invité pour la 57ème édition de la biennale de Venise pour représenter la Bosnie-Herzégovine. Il investit le pavillon avec une exposition conceptuelle nommée « University of Disaster ». En 2018, il fait l’objet de plusieurs expositions personnelles et est l’invité de biennales internationales incluant la 3ème édition de la Kampala Biennale (Ouganda) et la 57ème édition du Salon d’Octobre à Belgrade (Serbie).
Maxime Duchamps avec Christopher Yggdre