Mario D'Souza et l'altérité convergente

Plurielle, l’œuvre de Mario D’Souza est aussi débordante que colorée, à regrouper dans un même lieu installations, dessins et assemblages de mobiliers et tissus récupérés. Sa recherche d’un équilibre entre temps présent et à découvrir, avec une quête de lignage, en constitue le fil conducteur.

Mario D’Souza, atelier-exposition, 2017Fourniture, papier, dessin, verre, dimensions variablesMobilier national Paris. Crédit photographique : Isabelle Bideau

Mario D’Souza vit et créé entre deux cultures : l'indienne par ses origines (né à Bangalore en 1973), et française par son choix de vie (depuis 2001). Les liens d’origine, loin d’être coupés, sont régulièrement réactivés pour nourrir sa singularité. Ses œuvres sont le fruit d’un métissage assumé créant un aller-retour permanent d’une culture à une autre. Par ailleurs, ses assemblages et autres permutations d’objets d’origines diverses rappellent sa propre histoire. Son œuvre se déploie sous forme de sculptures, dessins et assemblages de divers matériaux avec un sens très aigu de la couleur.

Mario D’Souza, atelier-exposition, 2017© Mobilier national Paris — Crédit photographique : Isabelle Bideau

Résident en 2016-2017 du Mobilier national et de la manufacture des Gobelins à Paris, l’artiste nourrit son travail plastique de l’apprentissage des techniques des métiers d’art, à la croisée du beau et de l’utile. Cette hétérogénéité des matériaux (mousse, tuyaux, métal etc.) et des techniques utilisés permet la création d’objets étonnants et singuliers, métaphores de la « mécanique du vivant ». À travers la réactualisation d’objets usagés, Mario D’Souza invente une poésie qui lui est propre, offrant au spectateur des objets hybrides que l’on pourrait qualifier d’intemporels.

Mario D’Souza, Comfort from all sides© Mobilier national Paris — Crédit photographique : Isabelle Bideau

Combinant aujourd’hui geste humain et concepts minimalistes, l’artiste tend à faire le lien avec le passé par un langage contemporain. Il souhaite mêler les différents moments, les différents temps d’un matériau, d’un objet, afin de proposer un résultat mystérieux et unique. Pour l’exposition Si vous voulez entendre, essayer d’écouter, Mario D’Souza imagine une installation intime. Il y prolonge sa réflexion en décloisonnant symboliquement la surface de la galerie, brouillant par là même les frontières entre les espaces public et privé de création pour partager son univers à la fois « baroque » et conceptuel. Il se libère des carcans de l’espace, et fait déborder ses œuvres de vie, au sens propre comme au figuré, afin d’offrir aux spectateurs des œuvres « ouvertes » sur le monde et l’espace qui les entourent.

Mario D’Souza, atelier-exposition, 2017© Mobilier national Paris — Crédit photographique : Isabelle Bideau

La synthèse s’opère au milieu des murs « rabattus » au sol, de mobiliers évidés ou démantelés et de dessins. L’exposition devient réceptacle de mémoire, de croisements culturels entre les continents, et de circulation. Traversée de pans de tissus aériens, elle porte avec empathie les questionnements de l’artiste sur la réception de son œuvre et sa relation au lieu et aux publics. En effet, pour Mario D’Souza, l’œuvre ne peut se concevoir sans le regard de l’autre. Elle se révèle une fois exposée, une fois partagée. Par cette démarche, l’artiste revalorise la notion d’altérité. À travers cette exposition, il compose son hymne à la vie et nous invite à la célébrer avec lui.

Pari réussi pour une altérité convergente et qui fonctionne sans aucun problème dans l'espace défini de l'expo. A voir autant pour le plaisir des yeux par les flash colorés, que pour l'idée mise en avant qui fait dubien dans un temps qui joue trop la séparation, comme prologue à toute manifestation…

Raymond Nietzsche le 5/09/17

Mario D’Souza, Equilibrium© Mobilier national Paris — Crédit photographique : Isabelle Bideau

Mario D’Souza — If you want to hear, you have to listen → 8 octobre 2017
Galerie municipale Jean-Collet  59, rue Guy-Môquet94400 Vitry-sur-Seine