Charlemagne Palestine, au mahJ dans le Marais
Au milieu des années 80, on croisait fréquemment Charlemagne Palestine à Bastille, toujours improvisant des heures dans les les galeries avant-gardistes et finissant par aimanter le public, venu pour autre chose… Il jouait il y a quelques mois de cela pour Gonzaï à la Maroquinerie - et maintenant, une rétrospective lui est consacrée au mahJ jusqu'à novembre prochain. Revue de détail…
Charlemagne Palestine investit le mahJ avec une exposition personnelle, première du genre dans un musée français avec, au programme : sculptures, peintures, installations visuelles et sonores, films et concerts... Dans les écuries, il déploie une installation qui mêle œuvres historiques et nouvelles productions, faisant évoluer le visiteur au cœur de son univers foisonnant, où les peluches tiennent un rôle de premier ordre.
Né à Brooklyn en 1947 sous le nom de Chaim Moshe Palestine, il rejoint, enfant, la chorale juive de Stanley Sapir, pour atténuer par le chant les effets de son bégaiement. Élevé dans une famille originaire d’Odessa, il est partagé entre une éducation traditionnelle et son goût pour les formes artistiques expérimentales. Sa pratique du chant, du carillon, de l’orgue puis du piano lui permet de développer, dès les années 1970, une relation physique et vibratoire à l’espace,à son corps et à ceux de l’auditoire, comme avec l'avant-garde.
Ses performances s’adaptent aux contextes et aux instruments qu’il utilise, engendrant un véritable dialogue avec les lieux qui le reçoivent. La dimension totale de sa démarche est à l’image des peluches qu’il recueille et expose : public idéal, totems, communauté choyée et perdue qu’il cherche à reconstruire, elles concrétisent aussi le caractère animiste de son œuvre. On l'avait vu auparavant jouer des heures durant dans des galeries, au milieu des œuvres des autres, ou encore en solo.
Charlemagne Palestine a fait l’objet de récentes expositions personnelles à la Kunsthalle de Vienne et au Witte de With à Amsterdam. En 2017, une exposition lui est également consacrée au Jewish Museum de New York, et il donnera matière à un livre d’essais et d’entretiens aux Presses du réel. Son exposition qui va durer jusqu'au 19/11/2017 offre à la fois, œuvres, installations, performance musicale en solo ( le 14 juin 2017, 19h30-20h30) et projections cinématographiques de ses films et ceux de ses amis le 13 septembre 2017, 19h30-21h00)
Défricheur du son avec les minimalistes dans les années 60, il travaille sur les synthétiseurs Buchla dans les 70's et invente ensuite le concept de Body Music. Il est toujours intéressant de le voir en concert entouré de ses poupées, à boire du cognac et jouer en fumant à la chaîne des Kretek, cigarettes indonésiennes. L'expo est à voir, les films aussi; quant au concert - il est carrément à ne pas rater. Vous êtes prévenus !
Jean-Pierre Simard le 22/05/17
Programme Charlemagne Palestine -> 19/11/2017
mahJ, Hôtel de Saint-Aignan71, rue du Temple 75003 Paris