Les éléphants blancs d'Amélie Scotta

Amélie Scotta est une dessinatrice obstinée qui ne compte ni son temps ni ses efforts pour aller au bout de son idée. A se cogner au monde, elle y dégage folie, horreur et fascination. Le résultat, mérite mieux que l'oubli d'un coup de gomme mémoriel, un autre regard.

Je dessine de manière lente et répétitive, confrontant l’aléatoire de la main à la perfection de la machine. Le dessin est un medium que j’affectionne par son caractère « pauvre ». Il nécessite peu de moyens et n’a aucune limite, si ce n’est celle du temps.

Mes dernières séries parlent d’architecture et de folie. De la démesure des stades et grattes-ciel à l’incontrôlable prolifération des immeubles d’habitation, l’homme semble dépassé et soumis à cette machine énergivore qu’il a lui-même édifiée. C’est l’ambiguïté entre cette séduction monumentale et son effrayante réalité qui m’intéresse. Une inquiétante beauté qui provoque tour à tour horreur, malaise et fascination.

Amélie Scotta

Elephants blancs = dessins au graphite sur papier Arches et rouleaux de papier de riz, dim. variables, 2016

Entre jeu graphique, narration et collecte documentaire, Amélie Scotta expérimente et combine la variété des outils et médias contemporains et traditionnels pour interroger notre quotidien. Les codes, mœurs et langages de nos sociétés sont bien souvent ses matériaux, desquels elle tente d’extraire l’intrigue, l’absurde et la poésie. Le dessin, l’écriture et la gravure sont au cœur de sa démarche.

J-P Simard