En blanc et noir dans l'Outback australien, avec Antoine Bruy
Antoine Bruy aime ceux qui ont décidé de vivre autrement. En dehors ou ailleurs, c'est selon. Qu'il s'attache en France avec sa série Scrublands à aller à la rencontre d’hommes et de femmes qui ont fait le choix de l’autosuffisance, de vivre en marge des villes et de leurs fracas ou, comme avec cette série sur l'Australie de l'Outback des confins, aux marginaux de l'extrême, son regard est le même. Créer une proximité et un dialogue avec ses clichés. Parler de l'humain avant tout et en montrer toujours la dignité première. Beau travail, belle réussite: humain, trop humain !
Et face à ces populations, c’est un sujet particulier que le natif de Lille voulait traiter, et tout un tas de fils philosophiques qu’il voulait tirer : comment peut-on vivre à l’écart des villes et de leurs fracas ? Quelles sont les raisons et la nature de cet exil ? De quoi est-il fait et comment ces populations parviennent à survivre à l’écart de tout, dans des territoires qui semblent hostiles pour le commun des « citadins » ?
Froids, bruts, les clichés d’Antoine Bruy interpellent. En raison du sujet qu’ils traitent, bien évidemment, mais aussi pour leur qualité esthétique. C’est à l’essence des personnalités rencontrées qu’il s’attaque, à ce qui fait leur intimité la plus cachée. Il traque leur personnalité dans les moindres poses, les habitudes, les expressions du visage, la rencontre des mains.
Loin de la teneur politique qu’on peut leur attribuer, ces photographies ne semblent être que le témoignage des manières qu’a l’être humain de répondre aux défis du milieu qu’il habite. Elles sont le journal de la survie de populations particulières, mais aussi une fenêtre sur une alternative (ou une altérité) qu’on se cache bien (trop) souvent.
Il a remporté le 3è prix des Lens Culture Awards… sa carrière internationale est dorénavant assurée. A 28 ans, il fait déjà partie des grands.
Tous ses reportages en noir et en couleur sur son site, ici
Jean-Pierre Simard