Cast no Evil ! Alia Ali photographie l'exclusion
Seconde lauréate des Lens Culture Awards de 2016, le travail de Alia Ali est aussi phénoménal que singulier. Sous son apparente simplicité, photographier des femmes voilées/masquées de tissus qui symbolisent autant l'anonymat que l'exclusion, elle questionne la violence du rejet. La puissance et la grâce, rien moins ! Et comme la dame se présente très bien toute seule, on lui laisse la parole avec son texte d'introduction au concours, basé sur l'exclusion.
Au fil de nos vies, nous sommes sans cesse confrontés à de nombreux exemples d'individus ou groupes qui se trouvent exclus de la société, à cause de leurs apparence, croyances ou actions. Quand cela intervient, il y a deux camps, ceux qui imposent les standards d'exclusion - soi-disant décideurs intégrés - et ceux qu'ils excluent.
La communication peut servir à brancher comme à diviser, évoluer comme régresser, éduquer ou détruire. L'adoption/inclusion signifie alors engager quelqu'un dans un dialogue qui n'est pas forcément verbal. Avec ma série “Cast No Evil,” j'invite le spectateur à analyser sa perception subjective sur le fait d'inclure ou d'exclure quiconque, ce qui en fonde les limites, et selon quels paramètres.
La série met le doigt sur la dualité immédiate qui se crée à chaque situation donnée - chaque état étant relié à l'autre. Dans ce cas, comprendre l'appartenance nous oblige à être critique vis à vis de ce que cela signifie d'être exclu.
Et cette quête va, d'une manière duelle, pousser le questionnement jusqu'au moment où le mystère se dévoile, la restriction devient liberté, le sous-jacent l'explication - et l'illusion réalité.
Les personnages nommés “—cludes,” ( jeu de mots duel sur intégrés/exclus) sont enveloppés dans des tissus qui leur évitent de communiquer avec qui que ce soit et les isolent. Ces tissus posent la question de savoir quelles sont les barrières sociales qui empêchent les autres d'appartenir aussi à cette même société.
De quel côté du mécanisme sommes-nous et pouvons-nous être des deux côtés à la fois ? Exclure signifie-t-il avoir en premier lieu peur de se faire aussi rejeter ? En restant indifférent sans communiquer, devenons-nous déshumanisés comme les autres ? Ou sommes-nous plutôt ceux qui, enfermés, sont en quête des limites d'une barrière illusoire que nous nous imposons ?
Qui sont les "appartenants" et les rejetés ? Et comment finissons-nous par être isolés ?
Le costume crée-t-il une dynamique de pouvoir ? En tout cas, il crée bien une frontière, mais qui détient le pouvoir ? Elles dans leur anonymat, ou nous, pour leur réclusion ?
Alia Ali