Nasty/Angry Women ou comment les artistes américaines répondent à l'élection de Trump
A New York, la scène artistique n'a aucune intention de laisser Trump n'en faire qu'à sa guise. Au lendemain de son élection, un groupe d'artistes a décidé de réagir et deux expositions new-yorkaises, Nasty Women et Uprise / Angry Women donnent le la de leur démarche. Récit.
“Le jour-même de la proclamation du résultats des élections, j'ai commencé à travailler sur cette exposition" déclare l'artiste et curatrice, Indira Cesarine. La semaine suivante, sa galerie de Tribeca, The Untitled Space, ouvrait l'exposition UPRISE / ANGRY WOMEN, qui montrait le travail réalisé par 80 artistes femmes sur le climat politique de l'Amérique d'aujourd'hui.
Et Cesarine ne fut pas la seule à réagir immédiatement. Loin de là …
“Appel à toutes les artistes et curatrices ! Organisons une exposition de groupe sur le thème Nasty Women. Qui serait intéressée ?" fut le post lancé sur FB par Roxanne Jackson quelques jours plus tard, sans avoir la moindre idée de la réponse à venir. Et, en l'espace de quelques heures, elle reçut pas moins de 300 réponses. Jackson et la curatrice Jessamyn Fiore partirent donc sur l'idée de la NASTY WOMEN Exhibition, qui ouvrit dans la semaine suivante dans le Queens au Knockdown Center et durera jusqu'au week-end d'investiture.
La plupart des expositions prennent souvent des mois à se monter, si pas des années. Mais pour ces deux-là, la date limite-d'ouverture était l'investiture de Trump le 20 /01/17, pris par un urgence qu'on aimerait voir plus souvent se réitérer au cours des quatre ans à venir : celle d'une parole à délivrer sur l'heure. Et le plus remarquable des ces expositions ne se situe pas du côté du choix des œuvres, mais dans la passion et l'urgence à l'œuvre pour les réaliser. Dans chaque cas, les organisateurs sont arrivés avec une idée et ont su mobiliser les artistes et collaborateurs en moins d'un mois.
Les deux expositions se sont montées sur des appels à candidature libre sur les médias sociaux. Cesarine déclare qu'UPRISE est le premier événement de la sorte monté par sa galerie: “J'ai pensé qu'il était primordial pour UPRISE / ANGRY WOMEN de montrer comment les femmes se sentaient dans l'Amérique d'aujourd'hui, avec des artistes de tous les endroits et toutes les extractions sociales.” Au final, elle a reçu 1800 soumissions d'œuvres provenant 400 artistes femmes. Et ce n'en qu'en fonction de l'espace disponible de la galerie qu'elle s'en est tenue à 80 œuvres.
L'investiture de Donald Trump aura bien lieu vendredi, c'est aussi malheureux qu'inéluctable… mais d'ici là, rien ne vous empêche de regarder ce qui est présenté sur les sites des galeries du Queens et de Tribeca. En espérant qu'il ne s'agisse aucunement d'un avant-goût du printemps français de 2017. Mais on peut rêver, non ? Voir ci dessous …
Maxime Duchamps