“De l'Himalaya — qui apporte l'eau à des milliards de gens - jusqu'aux côtes du Bangladesh, les pays du Sud asiatique doivent se préparer aux effets du réchauffement climatique, alors même qu'ils en combattent la responsabilité humaine."
— Rapport de la Banque Mondiale de 2007 sur la région les effets du réchauffement climatique en Asie du Sud.

Mais le futur est déjà là … les résultats d'une étude sur le changement climatique dû au réchauffement planétaire sont tombés en mars 2016 : il faut s'attendre à ce qu'en 2050, pas moins de 500 000 personnes meurent de faim et de maladie. Publiée dans le Lancet, ce ne sont là que les conclusions - car le mal est déjà fait.

En Asie du Sud, c'est le Myanmar qui est le plus fragile, comme région agricole dépendant d'une seule source de nour(riz)ture dévorée par plus 3,5 milliards d'individus. L'étude prévoit ceci en raison de la situation géographique du pays, coincé entre deux gros pollueurs : la Chine et l'Inde. Du Laos au Vietnam, Luca Bracali s'est intéressé aux traditions culturelles des ethnies qui ont élaboré des relations étroites entre spiritualité et nourriture (138 au Myanmar et 54 au Vietnam), et dont la culture du riz et sa préparation sont des forces étroitement liées. De fait, le salut au Mynamar est : “Sar pi pi lar?”  (as-tu mangé?)

“Le Vietnam est un des principaux exportateurs de riz de la planète, un aliment dont dépend pour sa nourriture plus de la moitié de la population mondiale" annonce Bracali.  “En fait l'argument " le riz c'est la vie ! " est un slogan de la FAO datant de plusieurs années déjà.” Selon eux, la culture du riz est à la fois l'activité mais aussi la principale ressource pour 100 millions de foyers asiatiques et africains" continue Bracali. Et dans des régions comme le Nord Vietnam, les ethnies sont les dernières forces vives des rizières."

Le Myanmar combat déjà la montée des océans depuis quelques années et ne s'est toujours pas remis des inondations désastreuses de 2015. Mais avant cela, il y avait eu le cyclone Nargis en 2008, la plus catastrophique tempête jamais advenue là-bas qui causa 138,000 décès (officiels) et 10 milliards de dégâts.

Le riz et le maïs sont des graines tellement primordiales qu'elles sont dorénavant stockées au Svalbard Global Seed Vault, un espace de stockage situé loin sous le permafrost en Norvège, non loin du Pôle Nord. Bracali a été parmi les premiers à obtenir l'autorisation de faire un reportage là-bas pour donner une idée de ce que pouvait être le "grenier de l'apocalypse." La crypte contient plus de 860,000 variétés de graines et la possibilité d'y garder 4.5 millions de pousses, selon le Crop Trust, l'organisation basée en Allemagne qui supervise le projet.
Bracali affirme user de ses objectifs pour donner une voix à ceux qui sont engagés dans un vrai combat de survie. Il espère qu'en montrant et ne éduquant les gens aux problèmes grandissants à la fois socio-économiques et environnementaux, il poussera à l'action. Il espère aussi que la planète et la population y gagneront le combat climatique et que plus jamais on n'aura à dire pour se saluer: "As-tu mangé ?"

Jean-Pierre Simard (avec Lens Culture)
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