L'Achose d'Yvan Salomone vous prend par surprise
Détrempes, marines ou aquarelles sont souvent symbole de peinture ringarde, voire qui s'oublient dans l'histoire. Mais, surprise, avec les aquarelles d'Yvan Salomone, on passe dans une autre dimension.
Yvan Salomone travaille selon un programme. Il se l’est imposé, conscient, comme d’autres artistes contemporains, de ce que désormais la discipline n’est plus imposée au créateur depuis l’extérieur (l’académie, le commanditaire, etc.), mais produite par la démarche elle-même. « C’est comme si la contrainte implosait dans la liberté ». Son programme se développe comme suit : 1°) Une aquarelle par semaine ; ni plus, ni moins ; 2°) Chaque aquarelle provenant d’une photographie prise in situ (ports de Saint-Malo, de Shanghaï, de Rotterdam) ; 3°) Toutes les aquarelles de même format, 105 cm x 145 cm ; 4°) Jamais de présence humaine, ni de mouvements vifs sur l’image. Voilà pour l’essentiel des balises et dispositifs contraignants.
Le reste, c’est-à-dire le jeu de l’invention, les méandres de la poétique, peut dès lors s’expérimenter tout à loisir. L’accident ayant été bien cadré, encadré, il ne peut qu’être événement paisible au sein de la durée circulaire. Le temps de Salomone, c’est en effet la boucle, l’anneau.
Yvan Salomone, définit une ligne d’action sur le « fil du rasoir » comme il aime à le dire lui-même. Et cela devient un véritable point de départ à son travail de peinture et de questionnement de l’image en peinture. Depuis 15 ans, il développe une « chronique quotidienne peinte » quasi journalistique (au sens du journal intime) et réalise une aquarelle chaque semaine, méthodiquement numérotée, datée et indexée par trois lettres qui désignent le lieu (STM : Saint-Malo, HAV : Le Havre…). L’une après l’autre, elles deviennent des séries quand l’artiste décide de les regrouper suivant le moment, le sujet ou le contexte de leur exécution ; comme c'est le cas chez Xippas, en ce moment-même.
Ses aquarelles sont documentées par des photographies de repérage effectuées par l’artiste au cours de ses explorations et nourries en parallèle par nombre d’images de provenance très diverse (histoire de l’art, planches anatomiques, catalogues, calendriers, affiches, plans…). Docks, zones portuaires, lieux d’activité, d’échange, de passage et de transit, sont les sujets de prédilection de Salomone qui les compose et les monte à la surface du papier jusqu’à ce que l’image obtenue vienne cristalliser un moment, un paysage.
C'est une drôle de façon de figer le contemporain qui ne fonctionne que dans l'écart entre le traitement et le sujet abordé. Mais le trouble perpétré est assez définitif dans sa radicalité.
Yvan Salomone l’Achose -> 15/10/16
Galerie Xippas 108, rue Vieille du Temple, 75003, Paris, France
du mardi au vendredi 10h / 13h et 14h/19h samedi 10h/ 19h
Site galerie, ici