Agnès Giard : le cinéma érotique japonais est-il vraiment érotique ou...
On adore les livres et les chroniques d'Agnès Giard dans le site de Libé et on attend avec impatience sa conférence sur les arcanes de l'érotisme nippon de grande consommation. Celui-ci est-il vraiment érotique ou bien… Et, pour parfaire le rituel et rester dans l'ambiance, cette dernière a organisé une soirée du film érotique sur les constantes du pays du Soleil Levant.
Le sexe comme contrôle des flux est une industrie japonaise qui bat son plein. A partir du thème de sa conférence, Agnès Giard développe une argumentation ethnologique et en dévoile ensuite les arcanes avec quatre long métrages qui font la part belle à l'imaginaire érotique nippon. S'Il existe bien au Japon une industrie de love dolls (poupées grandeur nature conçues pour susciter le désir) ; curieusement, ces produits sexuels haut de gamme (+/- 3500€/ pièce) se présentent sous la forme fantomatique de jeunes filles aux regards vides et aux corps incomplets… Est-il seulement possible de les utiliser ? Confrontant les humains à la question de la solitude, ces ersatz moulés dans les postures d’une attente sans fin, fournissent un modèle représentatif de ce qui est excitant et attirant dans la société actuelle. En étudiant la façon dont ces love dolls sont fabriquées, vendues puis utilisées, Agnès Giard tentera de dégager quelques caractéristiques de la culture érotique japonaise contemporaine par sa conférence et sa sélection de classiques du film rose (bien rose!).
18,30h LA BARRIERE DE LA CHAIR (Nikutai no mon) de Seijun Suzuki, 1964, 1h30, vostf
En perte de vitesse, menacée par la banqueroute, la célèbre société Nikkatsu se lance dans la production de séries romantiques pornographiques. En 1964, elle peut encore compter sur le style très personnel de Seijun Suzuki, futur cinéaste culte. Ciblé avec succès pour un public amateur d'exutoires à ses fantasmes, La barrière de la chair est un véritable chef-œuvre du cinéma érotique.
Dans les ruines du Japon de l’après-guerre où le marché noir est roi, cinq prostituées, Sen, Mino, Roku, Machiko et Maya jurent de n’avoir aucune relation sexuelle sauf avec leurs clients. Machiko, n’ayant pas tenu sa promesse, est torturée par les quatre autres filles. Survient alors Shintaro, un homme poursuivi par la police pour avoir tenté de tuer un soldat américain. Les cinq filles décident de le protéger…
20,30h LE MARCHE SEXUEL DES FILLES (Shikijo Mesu Ichiba) de Noboru Tanaka, 1974, 1h23, vostf
Osaka, dans un quartier pauvre, Tome vit de ses charmes. Elle partage sa vie avec sa mère, prostituée sur le déclin, et son frère handicapé mental.
C’est tout un monde et ses personnages miséreux qui sont dépeints dans un film où pour survivre tout le monde doit se vendre.
22,30h TOKYO DECADENCE (Topazu) de Ryu Murakami, 1992, 1h47, vostf
Quatrième film de Ruy Murakami, connu surtout comme romancier (Les bébés de la consigne automatique, Kyoko, Bleu presque transparent...) le film dépeint les dérives des fantasmes urbano-érotiques dans un Tokyo froid et fou.
Ai, jeune Japonaise romantique, rêve du grand amour. Pour conquérir l'homme de sa vie, une voyante lui conseille de porter une topaze rose au doigt. Ai est aussi une call-girl spécialisée dans le sadomasochisme, une perle qui se soumet aux désirs les plus extravagants de sa clientèle…
En adaptant une démarche ethnologique à sa vision de la culture du sexe nippon, Agnès Giard ne se doutait pas qu'elle deviendrait best-seller sur place ( Big in Japan !). Mais d'anthologie en chronique ( les 400 Culs) dans Libé, sa parole drôle et décomplexée aborde tous les sujets relatifs au désir et ses ramifications diverses. Et variées … Humour toujours, la sapience à l'œuvre en quelque sorte. Recommandé.
L'érotisme japonais est-il érotique ? - 27 mai
La conférence est publique et gratuite à 12h15
Les films 5€ la séance, à partir de 18,30 h jusqu'à minuit
Musée national des arts asiatiques - Guimet : 6, place d'Iéna- 75116 Paris