Alec Dawson : "Nobody Claps Anymore", ou Kafka photographie les gens
Nettement plus ouvert sur ses faiblesses personnelles que beaucoup de photographes (ou de personnes en général), Alec Dawson explique avec une candeur remarquable les tenants et aboutissants de ses choix de sujet et des procédés qu'il utilise pour mettre valeur ses recherches sur la fragilité humaine. "Personne n'applaudit plus", c'est le nom de cette série prise dans les maisons de gens qu'on sent à l'abandon quand ils sont confrontés à eux-mêmes. On a le droit de s'en effrayer. Mais aussi d'en être touché.
L'évolution de nos vies peut générer des cancers émotionnels. Dans notre jeunesse, ces cancers sont encore petits et susceptibles de changer. Mais pour certains d'entre nous, ces petites nuisances grandissent pour devenir des oppresseurs, des monstres qui nous paralysent. "Nobody Claps Anymore" est ma réponse à mes propres cancers émotionnels : regret, isolation, anxiété et dépression. C'est, de fait, ma thérapie personnelle par l'art. Mes photos tournent autour des drames émotionnels qui se révèlent souvent dans les moments de tranquillité et de solitude chez soi. J'utilise seulement des lumières de studio pour mieux faire ressortir ces moments. Tout cela se passe dans de véritables maisons. Chez les gens.
Le titre de la série : "Personne n'applaudit plus", m'est venu un jour que j'atterrissais à Melbourne. Le nez de l'avion a soudain plongé. Le pilote a dû actionner les freins plus fort que d'ordinaire. L'avion a tangué, puis s'est finalement immobilisé. On sentait tout cela. Mais pas un bruit du côté des passagers : juste celui que font les ceintures qu'on détache. On avait oublié d'applaudir.
Alec Dawson
http://www.alecdawson.net