Art Brut en résidence dans les Cévennes
L’art brut, c’est l’art de tous ceux qui, sans culture artistique, produisent des œuvres en dehors de tous les codes. Eux qui travaillent sans apprentissage et sans modèles hérités, nous montrent des œuvres qui parlent à tous avec une force rare et immédiatement.
Damien Odoul, cinéaste auteur de La Peur, a choisi d’aborder l’Art brut avec sa compagne Marie-Eve Nadeau, documentariste et monteuse. Se dérobant à toutes règles et lois de l’argent, Art vs Wild vous livre les instants de rencontre et de création de Laura Delvaux, Alain Meert, Julien Detiège, Jean-Marie Heyligen et Tony Coopman, cinq artistes issus de différentes institutions psychiatriques belges.
Cinéaste et poète, Odoul a choisi avec sa compagne Marie-Eve Nadeau, 5 artistes dans différentes institutions psychiatriques pour les accueillir en résidence dans une forêt sauvage des Cévennes, en Lozère, dans le sud de la France. Durant une semaine, tous deux ont plongé Laura Delvaux, Alain Meert, Julien Detiège, Jean-Marie Heyligen et Tony Coopman dans sa forêt parce que, comme disait Dubuffet, le père de l’art brut : "L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a faits pour lui ; il se sauve aussitôt qu’on prononce son nom".
Deux visions complémentaires sont ainsi enchevêtrées et offrent au spectateur un rythme de lecture et dʼapproche inattendu. Une œuvre originale.
Marie-Eve Nadeau travaille en plein jour. Elle se concentre sur le travail des artistes, lʼacte créatif avec les échecs et les réussites. Les séquences captées sont présentées sous une forme très travaillée au montage. Damien Odoul filme principalement à lʼaube, au crépuscule ou en pleine nuit. Son angle est celui de lʼavant et de lʼaprès; la recherche, la réflexion, la déambulation, la quête. Il tente autant que possible dʼêtre dans « lʼépure » et de limiter chaque séquence à un montage composé uniquement de quelques plans.
Ces deux visions annexées constituent un ensemble riche et diversifié, une trame découpée en deux versants, lʼendos et lʼenvers du laboratoire créatif de SYLVART. Il ne sʼagit pas de portraits dʼartistes mais bien dʼune websérie qui suit la chronologie de l'expérimentation et de la création en cours. Elle sʼécrit au fil du tournage, dans un dialogue constant, en collaboration avec chaque artiste. Le temps de lʼexpérience, les artistes tentent dʼhabiter la forêt, au sens hölderlinien.
En écho à l’affirmation du poète allemand Hölderlin qui écrivait : « c’est poétiquement que l’homme habite cette terre… », en juin 2014, Sylvart accueille en résidence cinq artistes belges de l'Art Brut pour vivre une expérience unique reliant art et environnement. La seule contrainte imposée aux artistes consiste à utiliser exclusivement des matériaux naturels en résonance au territoire dominé par une nature préservée. Durant dix jours, les artistes ont créé des œuvres inspirées par leur immersion en forêt.
Friedrich Angel