Périodes Cramps ou tout savoir sur Ivy et Lux de A à Z
Le pari risqué était d'être encyclopédique sans être chiant, de dire plus qu'ailleurs, mais avec légèreté et science diffuse. Le duo Bainée-Cazengler tient la corde - et le rythme. On va donc parler de mouches humaines, de poubelles et de filles en bikini avec des mitraillettes. Ladies & Gentlemen, the Mighty Cramps !
Si l'idée de départ des Cramps était de raviver l'esprit pionnier du rock, il ne s'agissait pas pour autant de se cantonner à la musique, mais de le faire basculer dans la culture B en entier : des fringues au ciné, des objets des 50's en passant par la littérature, les comics et les monstres. Tout ce qui, sous prétexte de raviver une flamme, pouvait être le moyen - au second degré- de manifester une totale liberté aussi étrange que créative. Ce que les rockers des 60's avaient raté, leur contrat libertaire de changer le monde en en changeant la vie, les Cramps l'appliquaient à la lettre par leur psychobilly rageur, en repartant du mythe des origines du rock.
Et c'est exactement le propos de Tav Falco dans sa préface à l'ouvrage:
"Les Cramps furent un groupe de rockabilly post-moderne qui, par sa grandeur, incarna le théâtre de la Cruauté, tel que défini par Antonin Artaud. Avec Rural Burnside et Xavier Cugat, les Cramps eurent une influence décisive sur la formation de notre groupe, Panther Burns. Co-fondateur de notre groupe, Alex Chilton produisit Songs the Lord Taught Us au Sam Phillips Recording Studio de Memphis. J’ai assisté à la plupart des sessions. Les Cramps jouaient en studio comme ils jouaient sur scène, avec la même sauvagerie. Les séances d’enregistrement furent spectaculaires.
Lux et Ivy nous proposèrent de faire leur première partie à l’Irving Plaza. Ce fut notre premier concert à New York. Ce fut la même chose à La Nouvelle-Orléans, on passait en première partie des Cramps. Même chose à Los Angeles, où on a joué avec Vampira et les Cramps.
Pour moi, comme pour tous les gens de l’underground, les Cramps furent le groupe ultime, celui qui fi basculer le rockabilly dans la modernité, allant jusqu’à réinventer le genre pour en faire l’une des composantes majeures et vitales de la musique américaine contemporaine."
Ce psycho abécédaire va donc glisser jusqu'à des annexes via des interviews avec les spécialistes de cette science exacte (sic!). On va en apprendre des vertes et des pas mûres sur la vie, les choix, les désirs et les comportements du duo - et c'est juste le but. Donc, ça le fait grave et ça remet bien les choses en perspective à propos des chansons que le seigneur leur a murmuré. So What Else ? Listen to the records, fuckers !
JP Simard, publié le 27 février 2017
Le petit abécédaire de la Crampologie des Patrick Bainée et Cazengler, éditions Camion Blanc