Un mois de recueillement par Wafaa Samir
Ici, cela risque de faire grincer quelques dents, comme si Magnum décidait de faire un reportage sur Noël diffusé dans les pays du monde arabe… Mais le parti-pris de Wafaa Samir, jeune photographe égyptienne est tout autre. Se poser et montrer comment s'exprime le sentiment religieux en Egypte, lors du Ramadan. Pari gagné, par la pudeur du propos et via l'étrangeté de ce qui est exposé.
La Biennale 2015 réunit des œuvres signées d’artistes originaires des pays arabes en dialogue avec des travaux de photographes occidentaux, comme autant de visions d’une région plurielle et vivante, rayonnant au-delà de ses frontières. Cette manifestation ambitionne de devenir un vrai rendez vous de la photographie contemporaine.
Pour cette première occurrence, l’IMA a choisi une exposition collective : Histoire(s) contemporaine(s) qui met en perspective les œuvres d’une trentaine d’artistes photographes, émergents et confirmés, investissant une question ou un sujet suscité par ce vaste territoire. Originaires des pays arabes et européens, les artistes font preuve d’une grande mobilité. Ne cherchant ni l’exhaustivité, ni la mise en avant de particularismes de la photographie au sein des pays arabes, l’exposition privilégie les regards d’auteurs. Mehdi Medacci et Lazare Djeddaoui en Syrie, Amélie Debray en Palestine, Diana Matar en Libye, Hicham Gardaf à Tanger sont plus que de simples témoins. Ils investissent pleinement leur sujet et travaillent la série. Leurs images touchent à l’histoire politique et sociale récente des pays arabes, et contiennent en elles toutes les mutations et les contradictions en présence - et c'est vraiment pertinent.
Menant un véritable travail d’écriture visuelle et mettant leur œil à distance, ces artistes s’inscrivent dans cette tendance contemporaine de la photographie mêlant l’art au document. Au travers de plusieurs thématiques telles que Paysages, Intérieurs, Identités, Mémoires et récits, c’est simultanément l’histoire de la photographie et l’histoire des individus et des sociétés que l’on convoque ici.
Née au Caire où elle réside encore, Wafaa Samir est une jeune photographe et plasticienne formée en architecture à l’Université des Beaux Arts de Helwan, en 2013. Elle travaille en tant que photographe et designer indépendante. Son approche artistique est nourrie de sujets tels que l’identité, l’exploration de soi et le motif de la ville. Elle emploie de nombreux média comme la photographie, la vidéo et l’installation. Elle a participé à plusieurs projets collectifs et son travail a été exposé aussi bien en Égypte qu’à l’étranger. A travers son sujet réalisé en 2013, ses clichés se veulent le reflet de l’intimité, du quotidien et des pratiques des croyants pendant ce mois du Ramadan. Wafaa Samir s’attache aux aspects heureux de l’islam, l’envisageant comme une religion avant tout spirituelle, méditative et empreinte de merveilleux, loin des bruyantes explosions de violence que connaît l’Egypte.
«J’ai lancé le projet photographique Ramadan en 2013, au début du jeûne. J’ai décidé de prendre une photo ou une série de photos chaque jour, avec pour objectif de montrer l’esprit et les différents aspects culturels de ce mois. Certaines ont été prises dans la rue, d’autres chez moi, d’autres encore sont des autoportraits. J’ai souhaité évoquer la grande richesse du mois du Ramadan, qui est tissé de spiritualité, de rassemblements familiaux, d’aliments particuliers, de décorations de rues et de générosité.»
Biennale des photographes du monde arabe, niveau -1 et -2 -> 17 Janvier 2016.
Institut du Monde Arabe
1, rue des Fossés-Saint-Bernard
Place Mohammed-V 75005 Paris
Du mardi au jeudi de 10h à 18h / Nocturne le vendredi jusqu'à 21h30
Samedis, dimanches et jours fériés de 10h à 19h.
10€ tarif normal / 5€ tarif réduit