Le retour en fanfare de François de Roubaix
Avec son groupe Le Sacre du tympan, le bassiste Fred Pallem a revisité les musiques de film de François de Roubaix ("Boulevard du Rhum", "La Scoumoune", "Le Samouraï", et même "Chapi Chapo" !). C'est juste une merveille. On dirait qu'on arrive finalement à reconnecter avec les années 70.
Sans même le connaître, tout Français possédant une télévision depuis le milieu des années 70 a entendu François de Roubaix. Grand propagateur de B.O pour l'Hexagone et donc multidiffusé chez Giovanni et Enrico dans le film du dimanche soir. Déjà révéré par Air et Emmanuel Tellier, revoici François de Roubaix aux mains cette fois du compositeur Fred Pallem, suite à une commande du Festival de Jazz de la Villette. La version 2015, mise à jour à partir de 20 titres d'origine, invite même comme chanteurs Barbara Carlotti et Philippe Katerine, histoire de revisiter « Boulevard du Rhum », « La Scoumoune » ou « Le Commissaire Moulin ».
Au départ, en 1981, c'est l'histoire d'un petit garçon de huit ans auquel, pour atténuer la longueur des trajets en voiture, son père fait écouter deux cassettes, anthologies miraculeuses dédiées à un compositeur noyé six ans plus tôt à 36 ans, dans un accident de plongée, au fond d'une grotte des Canaries. Il s'appelait François de Roubaix. Dans ces bandes originales, le petit garçon ne voit que soleil, sentiments exaltants ou positifs.
"Objectivement", confesse aujourd'hui Fred Pallem, "la découverte de François de Roubaix est liée à l'idée de voyages, de vacances. J'ignorais qu'il s'agissait de musiques écrites pour des films, je les prenais comme telles, sans y associer la moindre image. C'était des repères rassurants, des thèmes que je me chantais à moi-même à l'heure du coucher, pour éloigner les cauchemars."
Musicien et compositeur prodige, bassiste et leader du très décapant Le Sacre du Tympan, Fred Pallem impose la puissance de feu de sa propre écriture et, avide de reprises, fait crépiter d'une nouvelle énergie celle des grands de la Bande Originale de film : André Popp, Burt Bacharach, Francis Lai, Jean-Claude Vannier... et maintenant,François de Roubaix.
Quant au pourquoi de l'album, il est là, proclamé haut et clair : " François de Roubaix, c'était un territoire plus original, encore à défricher. Souvent, son image de "pionnier de l'électronique", de "bricoleur de génie" relèguent au second plan ses splendeurs mélodiques et harmoniques, à couper le souffle. Même au piano, réduit à deux lignes, ça reste renversant, épreuve qui ne trompe pas. En partant des albums existants, j'ai donc relevé d'oreille une vingtaine de compositions. Plus je pénétrais dans l'intimité de sa musique, plus j'en tombais amoureux, notamment sa façon de jongler avec la tonalité, son goût pour les accords parallèles, ses modulations extraterrestres. François de Roubaix, c'est une formidable langue vivante, influencée par toutes les formes de musiques populaires, jazz, folklores et pop."
Fred Pallem & Le Sacre du Tympan présentent François de Roubaix (Train Fantôme)
Et pour le plaisir, François de Roubaix en personne.