L'AUTRE QUOTIDIEN

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Retour des Private Parts de Robert Ashley, toujours aussi cool !

Centrée autour de la voix envoûtante de Robert Ashley, cette première version (sortie par Lovely Music en 1979) de “The Park and The Backyard” est un chef-d'œuvre dans sa simplicité de forme et dans la pureté et l'intensité de son effet sur l'auditeur. Ces deux pièces deviendront plus tard les segments d'ouverture et de fermeture de l'opéra en sept parties pour la télévision, “Perfect Lives”.

Si vous n’avez jamais été en contact avec Robert Ashley qu’on connaît pour ses œuvres multimédia, à la manière d’une Laurie Anderson qui aurait choisi la télé pour s’exprimer en accentuant le côté théâtral de ses œuvres pour l’opéra, cette introduction à ses préoccupations est un vrai choc - de douceur et d’hypnotisme. Simplement accompagné des claviers luxuriants sur The Park de Blue Gene Tyranny et des tablas de Krishna Bhatt sur the Backyard, on y entend un texte se dévider qui joue la méditation à la voix en balançant un concentré philosophique qui fait aussi des vannes sur la masturbation. Rien que pour cela c’est remarquable. Mais pas seulement. Robert Ashley a disparu à 83 ans en 2014, laissant derrière lui une œuvre qui, partant de la musique minimaliste a dérivé vers le multimédia et cet album en est justement le premier témoignage.

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Un homme est peut-être en train de déballer ses bagages dans une chambre de motel ; l'homme semble vouloir utiliser le téléphone mais il raccroche : le téléphone sonne. Toute une série de pensées, d'événements et d'observations déconcertantes se produisent avant qu'Ashley entonne : "Ce n'est pas un enregistrement. C'est une histoire." Le narrateur vient de dire à son public qu'il y a deux oies dans l'oeuf… Sorti à l'origine en 1978, ce disque a posé les bases de son opéra en sept parties : Perfect Lives.

La pièce sur l'homme, intitulée " The Park ", ouvre l'opéra et est contenue dans la première face du LP. Sur la face arrière, "The Backyard" décrit une femme qui se tient là, dans l'embrasure de la porte de la maison de sa mère et on semble la voir sous différents angles. Cette pièce est la conclusion de Perfect Lives, et l'homme énigmatique qui a lancé le récit n'apparaît pas ici. Charmant, mystérieux et totalement hilarant, Private Parts est un tour de force d'une des personnalités les plus singulières de l'avant-garde américaine. Cette superbe réédition attendue depuis longtemps comprend une copie du livret afin que l'on puisse essayer de suivre ou de résoudre l'énigme narrative de ce texte brillamment élaboré. Au-delà de l’énigme posée, un album décisif pour son compositeur et toujours une splendeur à l’écoute. Un classique, un vrai !

Jean-Pierre Simard le 8/01/20

Robert Ashley - Private Parts - Lovely Music Ltd

En savoir plus sur l’opéra, avec le texte complet et un essai de Ashley, ici