“Le Fils du roi” de Stanislas Moussé, ça interpelle l'œil - et bien !
Après “Longue vie”, album paru en mai dernier, Stanislas Moussé publie “Le Fils du roi”, une suite qui peut se lire indépendamment du premier. Une nouvelle génération s’installe dans les paysages de “Longue vie”, où la quête prend la place de l’errance.
Dans l’album précédent Longue vie, nous avions quitté notre berger devenu roi, un album qui se conclut sur l’héritage de cette longue vie qui s’est conclue par une vie d’aventure & de batailles. Stanislas Moussé l’avait annoncé dans le live vidéo que nous avions fait ensemble en juin, il s’était attelé à la suite : un album qui prolonge les thèmes ou l’univers de Longue vie à travers la vie du fils.
Fini les errances, place à la quête musclée ou à la prophétie qui donnent une cosmologie à cet univers sans nom. Cette fois le héros à un adversaire unique, un géant maudit qui s’approprie une place de roi, devenant le chef cruel de ce nouveau monde. Il sera à nouveau question de renoncement, de rencontre amoureuse, de chaman et de bastons à tous les étages. Face au terrible cyclope, le “fils du roi” va devoir ruser, tel Ulysse pour échapper aux hordes de soldats qui ont transformé la campagne bucolique en enfer.
Album muet comme le précédent, mais cette fois-ci avec des cases en place des pleines pages, Le Fils du roi revient vers une narration plus classique : en conservant pas mal de pleines pages & de cases pleines de détails. Le style de l’auteur se fait plus assuré, les personnages ont gagné en personnalité et on sent la maîtrise graphique de l’univers maintenant qu’il se déploie sur plus de 300 pages. Influencé par David B., Mike Mignola ou Nicolas Presl, on admire le travail de précision pour incarner ses créatures et donner de l’épaisseur à ces miniatures (images sans perspectives aux narrations multiples).
On conseille donc de lire les deux albums en parallèle pour en apprécier toutes les subtilités. La filiation, thème important dans Longue vie, trouve ici sa finalité, comme si les deux albums étaient les deux faces d’une même pièce. Ils sont indépendants, mais la lecture croisée des deux livres donne pas mal de pistes de réflexion. Vous pouvez jeter un oeil sur son interview vidéo pour en savoir plus sur sa manière de travailler, ses influences ou les origines du projet.
Thomas Mourier le 16/11/2020
Stanislas Moussé - Le fils du roi - éditions Le Tripode