L'AUTRE QUOTIDIEN

View Original

Chriss Lag : Parole de King !

Si les Drag Queens occupent le devant de la scène des cabarets, peu de gens connaissent les Drag Kings. Ce documentaire permet à tous de s'interroger sur ses propres rapports au masculin et au féminin. En effet, les Drag Kings se servent des codes de la masculinité pour jouer avec les codes de la féminité. Et c'est pas triste.

« Je me suis intéressée aux Drag Kings car, même si c’est une pratique confidentielle, elle nous concerne tous dans les sujets qu’elle aborde. C’est abstrait de parler de construction sociale du genre, avec les Drag King on passe instantanément de la théorie à la pratique. J’ai été vraiment surprise de la diversité des parcours de ces King et de ce que cette pratique a amené dans leur vie. Etonnée aussi de la plasticité du genre, en particulier chez les femmes très féminines. J’ai eu envie de faire découvrir ces super humain.e.s qui brillent dans leurs vêtements masculins, avec leurs barbes et leurs moustaches. J’ai donc commencée à filmer et me suis lancée, dans l’aventure de l’auto production. »
Chriss Lag, réalisatrice du documentaire Drag KIng

Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce sujet ?

Je me suis intéressée aux Drag Kings car même si c’est une pratique confidentielle, elle nous concerne tous dans les sujets qu’elle aborde. C’est ce qui bouleverse les spectateurs qui ont vu le film, il permet à tout un chacun de s’interroger sur ses rapport au féminin et au masculin. Et ce que j’aime en particulier, c’est qu’il permet de passer instantanément de la théorie à la pratique. La plupart des contraintes que nos sociétés imposent aux genres féminin et masculin passe par le corps. Le Drag King permet de vivre quelques instants dans son corps avec les attributs de l’autre genre. 

Comment avez-vous découvert la culture drag king ?

Tout d’abord par des photos et des films américains. Et depuis 2007, j’ai vu le plus de shows que je pouvais à Paris et en Europe. Notamment avec Louis(e) de Ville une comédienne, performeuse burlesque qui fait du Drag King sur scène depuis 16 ans et organise des ateliers Drag King. Je lui ai consacré un documentaire de 48 minutes sortie en 2011 : « Louis(s)e de Ville, portrait d’une bad girl » et j’ai continué à la filmer ensuite.

Pensez-vous que les drag kings suscitent moins d'intérêt que les drag queens dans notre culture ?

C’est une chose étonnante. Il y a chaque soir de l’année à Paris et ailleurs en France des shows avec des transformistes et des Drag Queens. A l’inverse en dehors de quelques soirées lesbiennes et de rares soirées burlesques, impossible de voir des Drag King en France. Si vous faites un sondage peu de personnes savent même ce qu’est un Drag King, alors que les Drag Queen sont entrées depuis longtemps dans la culture populaire. Aux Etats-Unis assez souvent vous trouvez des Drag Kings dans les shows de Drag Queen, pour eux les deux semble aller de paire. Pour l’instant chez nous cela ne fonctionne pas comme ça.

Vous avez réalisé et produit vous-même ce film pourquoi ce choix ?

Cela tient plus à ma façon de travailler qu’à un choix. Dans un circuit de production classique on écrit le film avant de chercher des financements. Pour mes deux derniers films, le film s’est élaboré au fur et à mesure du tournage et surtout du montage. Je filme pendant 3 à 4 mois et ensuite je passe 1 semaine en dérushage et montage avec ma monteuse et ça ainsi de suite pendant 2 ans. Je m’arrête quand le film me semble abouti. Ensuite je fais vivre le film en l’envoyant dans les festivals et en allant à la rencontre du public lors des projections. Financièrement c’est compliqué de travailler comme ça, même si nous avons reçu de nombreux soutiens de particuliers et de commerçants. Pour la suite, j’ai 3 projets, tant documentaire que fiction que je développe avec différents producteurs et où je vais travailler de façon plus classique. Nous ne pourrons les réaliser qu’à condition de trouver une chaîne de télé, donc un financement en amont. Mais je pense que certains films s’imposeront encore à moi et se feront quoiqu’il en soit, comme « Parole de King! ».

Parole de King! au Saint André des Arts, Place Saint-Michel 75005 Paris
13h du mercredi 30 novembre au lundi 12 décembre sauf le mardi 6 décembre, puis les mardi 20 décembre et mardi 27 décembre 13h.

See this content in the original post