Retour en grâce du pisé avec Clément Vergély

Matériau en vogue comme décor de tous les westerns, le pisé fait son retour dans l’architecture contemporaine à Lyon, avec l’idée d’un bâtiment écologique à coup énergétique proche de zéro. Clément Vergély au rapport … d’architecture, indeed !

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Depuis quelque temps, l’architecture en pisé suscite un regain d’intérêt dans l’Hexagone. C’est à Lyon que verra le jour, cette année, une des constructions les plus emblématiques de l’histoire récente de la terre crue : un immeuble de bureaux sans ciment ni chaux signé Clément Vergély. Cette prouesse pourrait bien marquer un tournant dans le retour à la terre, malgré un contexte encore peu favorable.

« Pendant le concours, nous avons dessiné ces grandes arches sans savoir comment réagissait le matériau et on s’est aperçus ensuite que le dessin était un peu à la limite des caractéristiques physiques de la terre. Le pisé ne marche qu’en compression. On a donc dû opter pour un système de gros blocs préfabriqués, exactement comme on aurait mis en oeuvre de la pierre massive. Il n’y a, dans les arches, pas de traction ou de déformations », explique l’architecte. Les murs d’enceinte, larges de 80 cm au rez-de-chaussée, s’affinent à chaque niveau en dégageant des redents qui permettent d’asseoir les poutres de planchers. Ils redescendent tous les efforts de structure, à l’exception de ceux repris par les poteaux en bois à mi-portée des planchers. Les murs sont laissés bruts, dégagés de tout superflu : bardage, pare-pluie, pare-vapeur, enduit, peinture, etc.

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Au sein de la ZAC Lyon Confluence, au coeur de la ville, L’Orangerie se dresse fièrement sur ses 14 arches en terre, au beau milieu d’une vaste forêt d’immeubles en béton. Ces quelques 1 000 m² de bureaux font partie de l’îlot B2 remporté en 2015 par l’agence de Clément Vergély, associée aux architectes suisses Diener & Diener à l’occasion d’un concours international. Le plan directeur imposait qu’au sein de chaque îlot du quartier soit édifié un petit bâtiment bas carbone. Après plusieurs prototypages, les architectes ont fait le choix de matériaux locaux issus de la tradition constructive lyonnaise. « Je pense qu’on ne peut pas faire moins carbone que ça, il n’y a pratiquement que des produits locaux », se félicite Clément Vergély. Les soubassements et couvertines sont constitués de blocs en pierre d’Hauteville extraits d’une carrière à 50 km du site. Les planchers et les escaliers sont en bois de sapin issu d’une forêt des Vosges à 300 km de Lyon. Quant aux murs de façade, ils ont été réalisés en pisé dont la terre provient des excavations d’un autre chantier à 30 km de là (la terre du site était ici trop polluée pour être utilisée). Seules les fondations et la dalle basse ont finalement été construites en béton armé.

La terre régule naturellement l’hygrométrie et la température intérieure, tout en offrant un confort acoustique inégalé grâce à ses capacités d’absorption et d’atténuation. Dénué d’isolation et de système de climatisation, le bâtiment affiche pourtant des performances bien supérieures aux exigences de la RT 2012. Les brasseurs d’air ont donc remplacé les habituels systèmes de climatisation.

Et l’effet produit rappelle autant l’architecture des mosquées de Tombouctou que les ranchs du nouveau Mexique chers à Dennis Hopper. Affaire à suivre. De très très près… 
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Jean-Pierre Simard
L'Orangerie de Clément Vergély

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