Un temps pour la rêverie avec Simone Bossi

L'expérience d'un espace est une affaire personnelle. La relation entre un espace et la personne qui l'habite est unique : le bagage culturel, l'imagination et les expériences personnelles conduisent inconsciemment chaque individu à associer ce qu'il ressent à l'endroit où il se trouve. Selon cette idée, l'espace n'est pas seulement un espace, mais un moment qui projette notre intimité sur quelque chose d'autre.

Ce qui est d'abord considéré comme un événement extérieur peut devenir un voyage introspectif intense vers nous-mêmes. En revisitant quelques chefs-d'œuvre architecturaux et au-delà, l'auteur explorera la relation entre la psychologie humaine et l'architecture, invitant les spectateurs à éveiller leurs sens et à reconstruire leur espace personnel. En rejetant toute production iconique ou description visuelle et en activant un processus de compréhension plus lent, l'espace perd tous ses aspects fonctionnels et se transforme soudainement en une entité.

À partir de ces prémisses, il devient essentiel de réfléchir à l'impact généré par la relation entre les œuvres et l'espace spécifique dans lequel elles sont placées. La nature insaisissable de certaines images tentera de dialoguer avec les caractéristiques spatiales et architecturales de l'ancienne église de San Giovanni, incitant le spectateur à établir des relations personnelles avec la réalité et le moment : les frontières entre la mémoire et le désir, entre l'exotique et le familier, s'estompent et des processus de transposition spatiale sont soudainement déclenchés. L'atmosphère, la lumière et les fragments d'espace deviennent des traces qui tentent de nous transporter vers des expériences spatiales plus larges, des moments proches et lointains qui peuvent rapidement nous projeter vers un ailleurs indéfini ou nous replacer dans des moments sûrs et ordinaires, dans une négociation sans fin avec notre inconscient vulnérable.

Enfin, l'exposition présente une série de collaborations avec l'écrivain italien Rosso Rota, qui a introduit chaque œuvre avec un poème spécifique pour évoquer des états d'âme personnels.

Les photographies de Simone Bossi sont l'espace. En entrant dans l'ancienne église de San Giovanni, déconsacrée dans les années 1930, on franchit le seuil. Délicatement accrochées dans cet environnement raréfié et paradoxalement éphémère, elles répètent, seuil après seuil, un monde suspendu. Il y a des enjeux importants dans la photographie entre documenter et reproduire qui ont diminué son sens, la marginalisant. C'est étrange à dire dans la période historique de l'image omnivore et omniprésente.

Bossi fait un pas en avant. Comme la poésie, où de petites parties de la grammaire, de la syntaxe, de l'orthographe, des connotations et des mots nous tirent parfois délicatement et merveilleusement hors de nous-mêmes, le moment défini du détail partiel dans une lumière astrale fixe et méconnaissable et les tirages sur papier accrochés ici se réfèrent également à la poésie en l'absence d'informations. Sortant soudainement du domaine des études architecturales pour devenir photographe d'architecture, en tant qu'observateur de l'environnement bâti capable de capturer les parties dans les moments qui produisent l'artifice, Bossi a la capacité de créer des espaces imprimés qui ne sont jamais terminés, en marge, au repos, comme l'ancienne église de San Giovanni. L'exposition évoque des états, pas des émotions ; le silence, pas l'exaltation. Il est donc important d'avoir du temps et de la tranquillité pour l'apprécier, sinon elle n'est pas recommandée.

Bill Mezzogiorno, le 30/09/2024
Simone Bossi - Rêverie