Trans cowboy express avec du sang dans les rêves de Shawna Virago
“Trans Country star" est un vocable qu'il aurait semblé presque impossible de prononcer à haute voix il y a seulement une génération - même si les artistes queer ont toujours fait de la musique depuis des décennies, juste cachés dans l'ombre à cause d'une société aussi étroite de la raie que bigote dans l’âme. Autres temps, autres mœurs, Yaou !
Au fil des ans, une poignée de fiers pionniers queer ont connu un succès plus ou moins grand, comme Lavender Country et K.D. Lang, mais le nombre de musiciens placardisés dans le monde de la country était la règle il y a encore quelques années. Bien que de nombreux acteurs de l'industrie, des labels aux stations de radio, continuent d'ignorer la country queer, il existe une liste croissante de musiciens remarquablement talentueux qui produisent certains des disques de country les plus essentiels à l'heure actuelle. Parmi eux, Shawna Virago, une femme transgenre qui joue un mélange satisfaisant de country et d'éléments punk rappelant des groupes comme Jason & the Scorchers et les Old 97s. Bien qu'elle existe depuis les années 90 et qu'elle ait sorti son premier album il y a 15 ans, Virago attire enfin l'attention avec son dernier album, Blood in Her Dreams, qui s'éloigne un peu de son son acoustique plus traditionnel pour se diversifier et toucher à tout, du Rockabilly des années 50 aux disques X classiques.
"Climb to the Bottom" et "Bright Green Ideas", les deux titres qui ouvrent l'album, ont une qualité intemporelle qui prépare le reste de l'album. Mais c'est sur le troisième titre, le sombre "Ghosts Cross State Lines", que Virago déploie vraiment ses prouesses lyriques, un penchant qui perdure au long de l'album, se targuant de jeux de mots sournois ("I see him still in the scar he gave me/As I finger combed my hair/Maybe I'm living but it's hardly a life/Still I don't regrette I used that knife"). Virago considère cette chanson, qui parle d'une transsexuelle essayant d'échapper à son dangereux passé, comme le moto de l'album.
Il n'y a pas un seul moment faible sur l'album, mais c'est sur la chanson-titre et la conclusion de l'album, "The Barman's Daughter", chargée de distorsion (qui ressemble à Mike Ness de Social Distortion dans son meilleur état d'esprit de country hors-la-loi), que Virago prouve à quel point nous sommes passés à côté de sa musique. Enregistré sur une période de deux ans à San Francisco, Blood in Her Dreams est une introduction fantastique pour tous ceux qui se sont endormis sur sa musique pendant des années. Et on vous rappelle l’existence, au passage ,de Little Nas X dans un esprit similaire. Happy Trails to you !
Jean-Pierre Simard, le 5/06/2024
Shawna Virago - Blood in her Dreams - Tranimal Records