Just One Another ( jazz ) Orchestra… mais pas que !
Puisqu’écrire sur la musique, c’est danser sur l’architecture, comme disait l’homme de la continuité conceptuelle, dansons quatorze titres qui se placent dans le son de ces jours-ci, avec un propos qui ne tend pas à l’universel mais au collectif, qui déjoue les clichés en se jouant ouvertement comme témoin de l’avant et ouverture sur l’après. Simplement pour qu’il existe ou exulte…
A l’enjeu du qui fait quoi, on trouve une palette de trois anches (Catherine Delaunay, François Corneloup et l’américain Nathan Hanson), la contrebasse d’Hélène Labarrière, le batteur (de Minneapolis) Davu Seru et le pianiste incontournable de nato, Tony Hymas (piano électrique seulement ici), on obtient un sextet ébouriffant qui, après Zappa cité plus haut, reluque de près le rhizome cher à Deleuze et Guattari. On peut en dire autant des parutions du label nato, de proximité en proximité, de fraternité en sororité, de pas de style à tous les vents. A toujours savourer ou louvoyer entre les modes et jamais à la mode. Contre Tik-tok qui sabre au plus court, on entend en loucedé (ou pas) la modernité de Béchet ou les élans rageurs du Liberation Music Orchestra d’Haden, voir les arrangements zarbi de Carla Bley, dans le substrat s’entend car, le répertoire est autre ; décidé de conserve, avant d’être mis en boîte. Et quelle boîte à frissons qui vous entreprend par surprise à dévoiler l’inattendu d’une subtile alchimie qui évolue d’écoute en écoute, à se voir préférer d’abord la Romance de la Guardia Civil española pour ensuite succomber à la version réjouissante de la Paloma, puis ensuite au Move. Mais bon, et très bon même, c’est vous qui choisirez ce qui vous enchantera.
Toutes engeances jazzistiques confondues, dehors il pleut, mais dedans c’est l’assaut des réjouissances. Faites vos jeux entre le post ancien et l’au-delà moderne. On va dire : recommandé, même à St-Mandé.
Jean-Pierre Simard, le 30/05/2024
One Another Orchestra - One Another Orchestra - nato