Impitoyable lune de miel : Bill Plympton est de retour au cinéma !

Figure incontournable de l’animation américaine, l’infatigable cartoonist et réalisateur Bill Plympton met la dernière main à son nouveau long-métrage Slide pour le présenter à Cannes en mai prochain, pendant que deux de ses grands succès ressortent au cinéma.

Figure incontournable de l’animation américaine, ce dessinateur touche-à-tout de 76 ans met la dernière main à son nouveau long-métrage Slide pour le présenter à Cannes en mai prochain. Un western accompagné de chansons de musique country dessiné aux crayons de couleur sur papier, particulièrement attendu par les fans du maître. 

Si vous ne faites pas encore partie des inconditionnels comme moi, je vous invite à découvrir ces films réalisés de manière artisanale et en toute indépendance. Travaillant avec une équipe très réduite, Bill Plympton dessine quasiment l’entièreté des dessins nécessaires à la réalisation de ses films (environ 40 000 dessins pour un long-métrage comme Les Amants électriques (Cheatin’)) en plus du scénario & de la réalisation. Certains de manière traditionnelle sur celluloïds peints comme L’Impitoyable lune de miel ! (I Married a Strange Person!) & Les Mutants de l’espace (Mutant Aliens), d’autres aux crayons de couleur… 

Avec 40 courts métrages au compteur dont plusieurs ont été récompensés de Cannes aux Oscars, son style unique a infusé dans toute la pop-culture, d’un clip pour Madonna à une série de gags d’ouvertures pour les Simpson, les fameux “gags du canapé”.

Bill Plympton en a réalisé 6 : épisode Un enfant ça trompe énormément (saison 23), épisode Au beurre noir (saison 24), épisode Le Mariage du blob (saison 25), épisode Lisa vétérinaire (saison 27), épisode 22 pour 30 (saison 28), épisode Sans titre (saison 29), et épisode Manger Things (saison 32). Vous pouvez tous les visionner si vous avez Disney+ et certains se trouvent sur YouTube. 

L’Impitoyable lune de miel !

Sorti en 1997, L’Impitoyable lune de miel ! (I Married a Strange Person!) sera récompensée du Grand prix du long métrage au Festival international du film d’animation d’Annecy en 1998. Ce film convoque une grande partie de l’imaginaire qui a fait la patte Bill Plympton : une folie visuelle faite d’exagérations, de métamorphoses, de déformations, de vitesse et de symboles & métaphores visuelles. 

Ce film met en scène un couple de jeunes mariés qui vrille quand Grant se découvre des pouvoirs magiques à cause d’une tumeur sur la nuque. Sa femme Kerry va alors tenter de sauver son couple tandis qu’un magnat de la télévision envoie ses mercenaires pour récupérer le pouvoir ou malédiction de Grant —selon le point de vue.

Comme dans tous ses films, le réalisateur s’amuse de petites piques envers la société du spectacle et particulièrement l’industrie du divertissement, de la publicité aux talk-shows en passant par les gourous en tous genres. Très drôle, loufoque et décapant, tout va à cent à l’heure dans cette cavalcade entre scènes de sexe, diner chez les beaux parents et virées en bagnole sous le crépitement des mitraillettes. 

Les Mutants de l’espace 

Sorti en 2001, Les Mutants de l’espace (Mutant Aliens), sera également Grand Prix au Festival international du film d’animation d’Annecy en 2001. Ce quatrième long-métrage se présente comme un film de science-fiction avant de virer à la critique féroce du marketing, de l’impérialisme américain et de l’endoctrinement. 

L’indispensable Dr Frubar, directeur de l’agence spatiale, mais aussi homme de l’ombre d’une entreprise publicitaire sacrifie son meilleur astronaute, Earl Jensen, dans une mission suicide. Le héros américain, perdu dans sa capsule qui dérive dans le vide spatial, laisse une petite fille de 5 ans, Josie, qui n’aura de cesse de le chercher dans le cosmos. Durant 20 ans elle scrute le ciel avec son télescope et chose incroyable son père revient sur Terre avec cinq aliens. L’humanité attend fébrile, le Dr Frubar imagine déjà ce qu’il pourrait en tirer quand l’astronaute raconte son histoire et celle de ses nouveaux amis. 

Tout aussi déjanté que L’Impitoyable lune de miel ! mais un brin plus féroce, Bill Plympton continue de nous surprendre avec son audace visuelle et ses idées de mise en scène. Un humour parfois absurde d’autre fois politique et en tout cas très addictif, Les Mutants de l’espace est peut-être une des meilleures portes d’entrée dans son univers.  

Depuis :mercredi dernier, vous pouvez voir ces deux chefs d’œuvres en salle, ne vous privez pas de ce créateur trop rare chez nous. Et on reparlera ensemble de Slide, que je guette aussi, dès sa sortie.

Thomas Mourier le 20/03/023
Bill Plympton est de retour au ciné : L’Impitoyable lune de miel ! & Les Mutants de l’espace de nouveau à l’affiche