Chansons … et saillies de Philipe Cazal
Né en 1948, Philippe Cazal développe, dans les années 80, une œuvre visuellement indexée sur la mode et la publicité. Déclinant son identité en signature et en marque dès 1985, ses travaux font écho aux questionnements de l’époque et restent d’une actualité percutante. Ce sont Des œuvres… voire quelques saillies chez mfc-michèle didier.
L’exposition présente un ensemble de pièces historiques réalisées entre 1972 et 1995, qui prennent la forme de photographies, de textes ou encore d’éléments mobiliers. Certaines d’entre elles empruntent directement au design et à la communication, évoquant enseignes, signalétiques, logos ou slogans.
Ses Images photographiques évoquent dans un premier temps la sensualité et la séduction inhérentes aux domaines de la publicité et de la mode, pour prendre en roue libre des tonalités politiques, économiques, sociales et poétiques. D’autres pièces quant à elles reprennent à leur compte la dissolution de l’Art dans le Marché dès cette époque. L’artiste se déclare en « fausse Compagnie », déployant une stratégie marketing, il fait de l’art son sujet et de sa diffusion son œuvre, en produisant affiches ou plaquettes promotionnelles. Érigés en marque, l’artiste, son œuvre et son nom se retrouvent irrémédiablement liés dans la production.
L’ensemble de ces créations conçues dans les années 80, témoigne d’une vision autocritique et libre de l’artiste au travail. Détaché, objectif, il situe et évalue sa place dans le milieu artistique et dans le contexte social : « J’étais peintre et sculpteur lorsque j’ai pris la décision d’être artiste ».
Philippe Cazal élabore avec malice des produits efficaces et séduisants, en empruntant aux codes de la représentation commerciale, mais aussi à l’Art minimal, au design et à la peinture. Avec habileté, avec une attitude d’entrepreneur autant que de propagandiste, il joue la tautologie en faisant de sa carrière son sujet même. Philippe Cazal affirme in-situ son image de marque avec des œuvres telles que La Magie du succès ou L’Artiste dans son milieu, brisant le quatrième mur.
On découvre ainsi un milieu artistique frontal représenté avec humour, voire provocation, à l’inverse des représentations romantiques et sensibles classiquement associées aux autoportraits d’artistes.
Préfigurant d’une certaine manière Instagram et son utilisation par les artistes, Philippe Cazal met en place un principe de mise en scène de l’artiste et de ses produits, comme objets de consommation, dont le flux quotidien se matérialise entre « élégance et mauvais goût » en coupes de champagne et autres indicateurs dérisoires du succès.
Le trouble, cette accumulation de niveaux de lecture ambivalents restera déterminante dans l’œuvre ultérieure de Philippe Cazal, faisant écho à la maxime de Marshal McLuhan « Le medium est le message ». Il est bon de le voir en précurseur de Jeff Koons ou de la Cicciolina, sauf qu’à l’instar des deux autres, Caazal n’est jamais passé du côté sombre de la farce. On adore !
Jean-Pierre Simard le 20/02/2023
Philippe Cazal - Des œuvres... voire quelques saillies -> 1/04/2023
Galerie mfc – Michèle Didier 66, rue Notre-Dame de Nazareth 75003 Paris