L'affaire Taha Bouhafs
Nous n’avons jamais fait mystère de notre soutien au projet de l’Union Populaire. Nous ne pouvons donc qu’être satisfaits de voir d’autres s’y joindre. Nous comprenons bien qu’un vote uni aux législatives constitue aujourd’hui l’unique chance de l’emporter et d’améliorer, dès cet été, la vie de ceux qui sont en bas de l’échelle sociale, ou en sont déjà tombés. Il nous faut donc faire avec des gens dont nous aurions aimé nous passer. Des adversaires de la veille. Parfois des ennemis. L’union est un combat, et d’abord contre soi-même. Il faut changer ses habitudes. Sortir de son confort de pensée. Faire l’effort de dépasser son sectarisme, tout en gardant ses convictions. C’est extraordinairement difficile. Et plus encore quand on est membre d’une organisation. Les électeurs de base le trouveront plus facile.
A peine née, la Nouvelle Union Populaire est déchirée entre le rêve de ce qu’elle aurait pu être, et la réalité de ce qu’elle ne pouvait qu’être : un compromis, car elle ne saurait être autre chose, c’est son destin, sa limite constitutive. Bon côté, on n’entend plus Jadot, c’est déjà ça. Hollande chouine et trépigne, c’est amusant. Hidalgo, elle, contemple le gouffre et pense en silence. Mais Poutou a été mis hors-jeu, ce que nous regrettons bien, tandis que Roussel est revenu dans la partie. Discret, au point d’être le seul signataire de l’accord à s’être éclipsé avant le discours de Mélenchon. Mais toujours là. Et toujours avec la même capacité de nuisance, comme nous avons pu le constater ce matin sur France 2, où il a exigé que la France Insoumise retire la candidature de Taha Bouhafs à Vénissieux, contre lequel une maire communiste entend se présenter coûte que coûte.
Un premier et très sérieux coup de canif dans le contrat d’alliance passé entre les partis, et dont il est flagrant qu’il est motivé par la détestation d’une partie des militants du PCF de tout ce que peuvent représenter ceux que Roussel avait appelé dans sa campagne “les radicalisés des quartiers populaires”. On traduit pour lui en termes clairs : les islamo-gauchistes, indigénistes, communautaristes, alliés des bobos wokistes des centre-villes, ces bouffeurs de tofu ennemis de la bagnole. C’est donc avec lui tout le discours de la droite et de l’extrême-droite contre l’anti-racisme politique qui est niché, tapi, à l’affût quelque part, à l’intérieur de la Nouvelle Union Populaire, et qui fait déjà du dégât dans les banlieues, dont le vote a été essentiel au premier tour. Pour l’instant, la France Insoumise n’a pas cédé. A suivre.
PS :
Voilà ce que nous disions dans notre édito de lundi. Tout s'est hélas confirmé depuis. Taha Bouhafs a fini par renoncer à se présenter (dommage). Et Fabien Roussel est bien une force de nuisance à l'intérieur de l'Union Populaire. Dans tous les cas, il est hors de question d'appeler à voter pour la candidate PCF dissidente de Vénissieux, dont nous avons appris depuis à quel point elle représente une longue tradition de glissement vers l'extrême-droite et d'islamophobie du PCF à Vénissieux. Toutes les preuves sont à portée d'une recherche Google sur André Gérin, le ponte PCF local dont Michèle Picard a été 10 ans la suppléante, et à qui il a donné les clés de la mairie après avoir été contraint à démissionner par la direction du PCF de l'époque pour ses positions contre l'immigration et l'Islam. Visiblement, le PCF n'a rien gagné à se placer depuis sous la direction de Fabien Roussel, que l'islamophobie gêne moins que l'abandon du steak pour le tofu.