Saigner avec Robert Sundance
Né en 1927 dans une réserve sioux, la vie de Robert Sundance sera faite de voyages en train, de cuites de plusieurs semaines, et de passages en prison. Dans les années 1960, « il passe 266 jours par an derrière les barreaux et est arrêté sans motif presque 500 fois ». C’est que la police de Los Angeles a besoin de faire du chiffre et embarque régulièrement les alcooliques pour ivresse sur la voie publique. Ce qui finira par donner lieu à « L’affaire Sundance » en 1977 qui permet de changer la loi et de considérer l’alcoolisme comme une maladie et lui vaudra quelques tentatives de meurtres de la part de policiers mécontents.
Si ce genre de désagrément arrive assez rarement pour le commun des mortels, Robert Sundance, né Rupert McLaughlin, a eu son lot de coups de couteaux, de cassages de gueule, de passages à tabac et aussi de crises de delirium tremens. Né en 1927 dans la réserve sioux de Standing Rock, dans le Dakota du Sud, il a vite appris à ramasser du bois pour alimenter le poêle et ne pas mourir de froid mais aussi à boire :
Très vite donc, Robert Sundance va avoir deux objectifs dans la vie : se casser de cette réserve où on crève de froid et boire. Un programme qu’il va mettre à exécution avec opiniâtreté en commençant par la deuxième partie. Client fidèle des bootleggers qui alimentent la réserve, il embrasse ensuite une carrière militaire. Il s’engage à quinze ans pour partir faire la guerre dans le Pacifique, ce qui lui permet accessoirement de boire plus facilement.
Après sa démobilisation, les ennuis commencent. Robert Sundance mène une vie de hobo, voyage dans les trains de marchandises pour aller se prendre des cuites dans diverses villes du Midwest. Un nouvel engagement dans l’armée se solde par un retour forcé à la vie civile après un de ces incidents dont Sundance a le secret :
La vie qui commence pour Robert Sundance en 1950 sera faite de voyages en train, de cuites de plusieurs semaines, et de passages en prison. Dans les années 1960, nous expliquent les éditeurs, « il passe 266 jours par an derrière les barreaux et est arrêté sans motif presque 500 fois ». C’est que la police de Los Angeles, où Sundance a fini par prendre ses quartiers (il y fait bon toute l’année), a besoin de faire du chiffre et embarque régulièrement les alcooliques pour ivresse sur la voie publique. Ce qui finira par donner lieu à « L’affaire Sundance » en 1977 qui permet de changer la loi et de considérer l’alcoolisme comme une maladie et lui vaudra quelques tentatives de meurtres de la part de policiers mécontents.
C’est cette vie hors du commun que raconte Robert Sundance. Une manière aussi de parler de la condition des Indiens dans l’Amérique du 20e siècle et, surtout, de l’alcoolisme. Car derrières les péripéties racontées sur le ton de la légèreté se dévoilent les effrayantes crises de delirium tremens, la prison, les viols – les femmes alcooliques qui fréquentent son monde ont une vie courte et d’une rare violence. Sundance dit la déchéance, la perte d’estime de soi et la manière dont on sort peu à peu du monde. Il parle de lui, bien entendu mais de tous ceux et celles avec qui il a partagé cette chute. Histoire d’une vie, histoire d’un combat moins pour sortir de sa condition que pour la faire reconnaître, La danse du soleil est aussi le portrait âpre de certaines marges de la société. Édifiant.
Yan Encore du noir le 17/06/2021
Robert Sundance (et Marc Gaede), La danse du soleil (Sundance, The Robert Sundance Story, 1994), Tusitala, 2021. Traduit par Michael Belano