Le succès phénoménal de Déjà Vu, l'album de 1971 de Crosby, Stills, Nash et Young, est survenu à un moment où les quatre membres du supergroupe débordaient de créativité musicale. Dans la foulée, chacun d'entre eux a sorti un album solo qui a depuis atteint le statut de classique. Celui-ci va plus loin que ceux de Nash et Stills en explosant les cadres. On remonte le son. Vers l’infini et au-delà.

En février 1971, David Crosby sort son premier album solo, If I Could Only Remember My Name. L'œuvre maîtresse de Crosby, rêveuse, impressionniste, d'une beauté sombre et résolument non conventionnelle, fait aujourd'hui l'objet d'une édition de luxe chez Rhino, prévue pour le 15 octobre. Cette édition fait suite à l'édition augmentée de 2006 qui avait ajouté le titre bonus "Kids and Dogs" ainsi qu'un mixage surround époustouflant dans le format DVD-Audio, aujourd'hui disparu.

If I Could Only Remember My Name, produit par Crosby et conçu par Stephen Barncard, a accueilli une foule de musiciens invités pour donner vie aux paysages sonores cosmiques de l'auteur-compositeur-interprète. Parmi les invités de ce collectif musical de Los Angeles à San Francisco, surnommé The Planet Earth Rock and Roll Orchestra, on trouve Graham Nash et Neil Young du CSNY, Jerry Garcia, Phil Lesh, Bill Kreutzmann et Mickey Hart du Grateful Dead, Grace Slick, Paul Kantner, David Freiberg, Jorma Kaukonen et Jack Casady du Jefferson Airplane, Michael Shrieve et Gregg Rolie de Santana, et Joni Mitchell. En fait, American Beauty de Grateful Dead, Songs for Beginners de Nash et Blows Against the Empire de Kantner ont tous été, en partie, enregistrés en même temps que If I Could Only Remember My Name au studio de Wally Heider à San Francisco. Au vu de l’empilement de talents, le casting laissait rêveur, mais le résultat a fait date.

Les chansons " Song with No Words (Tree with No Leaves) " et " Laughing " de l'album ont toutes deux été testées pendant les sessions de Déjà Vu ; on peut entendre des démos de ces deux chansons sur le récent coffret du 50e anniversaire de cet album, édité par Rhino. Si les chansons de l'album ne sont pas aussi accessibles que celles de Déjà Vu, les mêmes caractéristiques de musicalité, de poésie et d'harmonies luxuriantes sont présentes. Les critiques n'ont pas été impressionnées au départ, mais le LP s'est hissé à la douzième place du Billboard 200 et dans le top 10 des enquêtes Cash Box et Record World. Le single "Music Is Love", avec Nash et Young, a atteint la 95e place du Hot 100. Au cours des années qui ont suivi sa sortie, l'album expérimental, intense et singulier If I Could Only Remember My Name est devenu un classique culte et un tremplin reconnu vers des styles de rock indépendant tels que le freak folk et le New Weird America.

Les auditeurs de 2021 ont l'occasion de découvrir un nouveau mastering avec l'édition de luxe de Rhino, à partir des bandes analogiques originales, supervisée par l'ingénieur d'origine Barncard à l'aide du procédé Plangent, ainsi qu'un généreux bonus de 14 démos et extraits de sessions/alternatives (dont 12 inédits). On y trouve notamment "Kids and Dogs", "Song with No Words (Tree with No Leaves) (Demo)" et "Riff 1" (maintenant en streaming et téléchargeable) ainsi que "Coast Road", "Dancer" et une version de "Cowboy Movie" avec Neil Young prenant le solo à la place de Jerry Garcia (tuerie!). Certaines de ces démos remontent à 1968, lorsque Crosby a brièvement travaillé avec le producteur des Doors, Paul A. Rothchild, à Hollywood Recorders. En outre, Steve Silberman, journaliste et ami de Crosby, a rédigé de nouvelles notes de pochette pour l'ensemble. On comprend ce qui défrise les politiques d’aujourd’hui qui n’ont jamais apprécié la création - forcément pas dans les clous de leur petite pensée calibrée avec des chiffres et seulement un impensé Excell. On ne va pas les plaindre, on zappe leur bfmerie et on remonte le son. Vers l’infini et au-delà.

JP Simard le 15/102021
David Crosby - If I Could Only Remember My Name ( 50th Anniversary edition) - Rhino