L'AUTRE QUOTIDIEN

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Le vite-fait disques du mardi ou le retour des sorties de la rentrée 2020

Jazz, tek, psyché, rock : ça a tourné sur nos platines en replay. On vous en dit quelques mots pour vous motiver. Or donc, pour faire rapide, Idris Ackamoor, Calabashed, Yello, Controverse, Sabrina Bellaouel et les Rolling Stones de Goat’s Head Soup. Envoi !

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Dans un monde dystopique mais merveilleux, le son des Pyramids d’Idris Ackamoor serait la mesure d’un jazz enraciné dans toutes les traditions africaines, un jazz qui aurait continué sur sa lancée free pour déboucher sur d’autres horizons comme le funk afro avec beaucoup de sax et une flûte lyrique. Parti de la troupe de Cecil Taylor au milieu des 70’s, Ackamoor n’a jamais rien renié et perpétré ce son groovy qui fait toujours mouche aujourd’hui. Le monde a bien régressé, mais lui continue de montrer la voie en racontant l’histoire africaine, du point de vue afro-américain en retissant des morceaux qui fleurent bon les anciens travaux de Pharoah Sanders et John Coltrane. On dira simplement : le découvrir c’est l’adopter. Et c’est marre !

Idris Ackamoor & the Pyramids - Shaman ! - Strut records

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La surprise londonienne de la semaine s’intitule Calabashed avec son EP Behold a Black Wave (Purple City Records). Composé du MC et écrivain Joshua Idehen, du saxophoniste Alabaster DePlume, de Maria Osuchowska à la harpe, du guitariste James Howard, de Donna Thompson à la batterie et de Raimund Wong qui travaille sur les bandes et les effets. Leur premier EP ne ressemble à aucun autre projet musical à croiser des sons hip-hop à un jazz contemporain sans concession et une soul du meilleur aloi. C’est dense, parfois épique, toujours iconoclaste et ça vous emmène loin. C’’est aussi très dark en même temps que passionné. Une belle claque !

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Yello fait partie de la famille depuis tellement longtemps qu’on finit par oublier leur apport majeur à la scène tek depuis 1980. De loin en loin, on a ainsi des news de Suisse et de Dieter Meier et Boris Blank qui concoctent de temps en temps un album pour que le premier monte et raconte ses nouvelles sur le son du second. Comme on ne change pas un équipe gagnante, ni sa qualité constante, Point (Universal), le dernier en date offre son lot de surprises et de constantes marrantes. L’esprit dada/électro toujours au rendez-vous, on ne peut qu’apprécier ce nouveau conte des temps modernes. Yello Now !

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Contrøverse est un nouvel alias pour Fabrizio Rizzin, producteur basé à Barcelone et ancien membre du duo expérimental Downliners Sekt. Réunissant ses innombrables influences et maîtrisant parfaitement son matériel, Fabrizio dirige maintenant son nouveau projet solo Same Thing, Different (InFiné!) qui envoie avec maestria une paire de morceaux dancefloor d'une simplicité trompeuse. On connait tous les éléments en présence, du son de Detroit à celui de Berlin, mais on continue quand même à danser. Bel essai à suivre sur un album à venir.

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Après avoir distillé un r’n’b flottant, Sabrina Bellaouel revient par la porte techno. La Française aux racines algériennes s’inspire de ses passages au Maghreb, à Paris, Londres ou Rotterdam pour s’éloigner des stéréotypes et proposer une musique expérimentale urbaine, laissant cette fois flotter sa voix comme un léger voile sur ses productions obscures. La lutte remplace ainsi la séduction, à l’image des faux-airs de techno sombre et haletante de We Don’t Need To Be Enemies qui trouverait volontiers sa place dans un club berlinois au lever du soleil. Les chuchotements expérimentaux de Pulse contrebalancent le mid-tempo Nasser qui tisse des arrangements torturés autour d’une déclaration de Gamal Abdel Nasser, second président d’Egypte. Aussi étonnant que réjouissant.

Sabrina Bellaouel - We Don’t Need To Be Enemies - InFiné

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Après avoir commis Exile on Main Street qui filait les clés du camion rock aux 70’s US, les Stones eurent un coup de mou et Keith commença à se préoccuper des ennuis avec l’héroïne, passant du temps dans des cliniques) se faire transfuser comme un vrai vampire - pour construire sa légende. Mais bon, il fallait une suite et ce fut Goat’Head Soup, enregistré en grand partie en Jamaïque - un des plus mal aimé album de leur disco pour cause de phagocytage par le tube/scie mondial Angie. Pourtant, aussi bien Dancing with Mister D., Starfucker (rebaptisé Star Star Star par CBS) que Doo Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker) méritaient votre attention… Le dernier pour parler des flics tueurs new-yorkais ( encore et déjà… ) - mais à l’époque les Stones étaient synchro avec l’actu. De la version qui sort aujourd’hui, ( album originel, raretés et autres mix + concert au Forrest Hill) on note les inédits : les moyens Criss Cross, Scarlet avec Jimmy Page et, l’écarté alors que majestueux et inattendu, titre psyché qui emporte nos suffrages Can You Hear The Music. On y trouve aussi le fameux live à Bruxelles conçu pour les spectateurs français quand les Stones étaient interdits de concert ici par le ministre de l’Intérieur pompidolien ( mais mort!) Marcellin, le petit Raymond la matraque. Là, on entre dans l’Histoire, on se tait et on écoute. Mick Taylor à donf partout, what else ?

The Rolling Stones - Goat’s Head Soup/ Deluxe Edition - Universal Records

Idris Ackamoor & the Pyramids - Shaman ! - Strut records,
Calabashed - Behold a Black Wave - Purple City Records,
Yello - Point - Universal Records,
Controverse - Same Thing, Different - InFiné,
Sabrina Bellaouel - We Don’t Have to be Enemies - InFiné,
The Rolling Stones - Goat’s Head Soup/ Deluxe Edition - Universal Records

Jean-Pierre Simard le 8/09/2020