L'AUTRE QUOTIDIEN

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Las Vegas fait son cinéma sur l'After Hours de The Weeknd

Défini comme un mix "d’amour, de peur, d’ennemis, de violence, de danse, de sexe, de démons et d’anges, de solitude et d’unité", tel se présente bien l’After Hours, le quatrième album de The Weeknd.

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Le quatrième album studio de The Weeknd – quatre ans après Starboy et deux après le retour aux sources de My Dear Melancholy -, suit en droite ligne le fil des émotions du canadien Abel Tesfaye, toujours aussi inspiré par ses aventures et la mauvaise gestion d’icelles. Inconvénient, c’est pas le premier à agir de la sorte ; avantage majeur, il sait y faire pour sonner à nul autre pareil, même s’il adopte un son usé jusqu’à la corde entre r’n’b et disco ( mais bon Drake … ) Atteint par le mirage de la trentaine, The Weeknd aimerait se défaire de ses addictions (voir chapô) et faire le point ( comme si cela pouvait bien y changer quelque chose). Mais bon, il va en vendre des caisses ; c’est sûr. Et voilà pourquoi.

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On parlait cinéma dans le titre et on n’est pas déçu par les références affichées : After Hours, provenant du film éponyme de 1985 de Martin Scorsese, du Escape from LA également inspiré d’un John Carpenter paru en 1997. Et, sur ce même morceau, on retrouve des références au Speed de Jan De Bont et au Constantine de Francis Lawrence. Il y a beaucoup à voir avec la continuité du cinéma puisque tous les titres se retrouvent interconnectés, comme sur l’enchantement qui en devient inéluctable de : Heartless, Faith et Blinding Lights au milieu de l’écoute. Et le côté noir lui semble indissociable, puisque c’est la tonalité des Snowchild, Escape from LA, In Your Eyes et After Hours.

Côté prod, on trouve toujours aux manettes Illangelo, présent sur la majorité de ses projets, auquel Metro Boomin, Oscar Holter, Max Martin et Dre Moon sont venus apporter leur patte pour élargir la palette sonore et les beats - with a little help from Kevin Parker de Tame Impala sur Repeat After Me.

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Aux efforts de composition, de prod et de mise en images de cette continuité, il faut ajouter cette voix qui, bien sûr, à la première écoute, abuse du trémolo au bord du chevrotement et agace féroce (auto-tune ta mère !. Mais dès que le son assure le décollage vertical, comme sur Alone Again, on lui pardonne de n’avoir que ce véhicule pour se mettre à poil intégral et moral et dévoiler ses combines : les bonnes, les mauvaises et les parades qui font le fil du disque, le fonds de commerce renouvelé et la vraie patte d’un mec qui ose sortir de sa zone de confort mental pour s’exprimer, un peu comme Childish Gambino ou les premiers Kanye West. En fait, ce disque est salvateur : pas le peine de vous prendre la teuté avec une possible sortie de votre confinement, il y a pensé avant vous et vous offre les panoramiques et les gros plans pour le vivre à l’aise- dans les oreilles comme à l’écran. En ce qui vous/nous concerne, on espère que d’ici fin mai… 

Jean-Pierre Simard le 23/03/2020
The Weeknd - After Hours - Universal Republic