Minouche Mafia : trap me up !
Qu’elle renverse les relations homme/femme, se mette à nu sur la pop de Petula ou évoque le thème des amours interdits sur Loving V, Coeur recherche le consensus au-delà d’une binarité imposée faussement évidente. Mixtape de choix, c’est là !
Avec sa première mixtape Minouche Mafia, la rappeuse, chanteuse et artiste française Coeur, moitié du duo Schlaass, signe douze titres violemment poétiques et joyeusement charnels où le rap, l'électronique et la pop cohabitent dans un cadavre exquis musical aux allures de manifeste féministe, pro-LGBT et inclusif puissant. D’ailleurs, observer Coeur sur scène c’est percevoir immédiatement la singularité de son univers : habillée d’une robe de mariée blanche, entourée de danseuses drag queens, elle provoque autant qu’elle charme, jongle aisément avec les émotions les plus enfantines et les accès de colère les plus extravertis. C’est dans ce tumulte musical que se dévoile la personnalité riche de sa créatrice, jamais en manque d’idées pour explorer les thèmes qui lui sont chers.
Qu’elle renverse les relations homme - femme sur Bébédamour, qu’elle se mette à nu sur la ballade pop Petula (reprise touchante de La nuit n’en finit plus de Petula Clark) ou qu’elle évoque le thème des amours interdits sur Loving V, Coeur recherche le consensus au-delà d’une binarité imposée faussement évidente.
“Depuis que je suis gamine, j’écris des chansons d’amour. Mais j’ai vite compris que si je portais mon cœur en bandoulière sans pare-choc dans ce monde-là, je n'allais pas faire long feu. C’est pour ça qu’avant Cœur, j’ai tenté différentes formes artistiques, comme autant de fourreaux pour protéger mon petit cœur fragile”. Cœur
Minouche Mafia est aussi sa version d’un rap moderne et pop aux exemples féminins peu nombreux, défenseur des revendications queers et trans à sa façon. Puisant dans des modèles d’artistes américains (Nicky Minaj, Cardi B…) ou français (Shay, Booba, Vald…), Coeur sait explorer cette écriture sans figures imposées, où les images se substituent aux jeux de mots, où la voix éraillée n’est jamais un frein, où la provocation se révèle être un appel au rassemblement de tous.
L’esthétique de l’univers de Coeur, c’est celle de l’enfance espiègle et contrariée, avec ses excès de couleurs, ses attitudes provocatrices, ses tenues brillantes, ses morceaux de j-pop sous néons ou ses comptines sombres. Une alliance d’éléments bigarrés qui donne à Minouche Mafia des allures d’exploration musicale de cette chambre étrange, remplis d’une foule d’objets et de souvenirs rassemblés sans aucun autre logique que celle de la quête d’une expression personnelle la plus pure. On lui souhaite de trouver la puissance de feu d‘une Madonna… En l’état, c’est remarquable, et on adore à juste titre.
Jean-Pierre Simard et son ami le dossier de presse 12/03/2020
Cœur - Minouche Mafia - Mutant Ninja