L'AUTRE QUOTIDIEN

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Angelica Garcia vous invite (tou/tes!) dans son Cha-cha Palace

Avec Cha Cha Palace, Angelica Garcia embrasse les racines mexicaines et salvadoriennes de sa famille, en créant un collage explosif à partir de ses diverses influences. Inutile de dire que ça fait frétiller des neurones - et pas que de là !

Après son premier envoi en 2016, Medicine For Birds, assez roots et country, elle chante surtout le mélange des influences de son enfance sur un fond sonore beaucoup plus varié. Elle a écouté de la cumbia colombienne et de la chicha péruvienne. It Don't Hinder Me la voit crier "Si tu arrêtais de manger des tortillas, tu perdrais peut-être du poids" devant un mur de guitares rock. Guadalupe, inspirée par l'iconographie catholique mexicaine, présente la Vierge Marie comme une idole d'émancipation tandis que les échantillons vocaux bégayent et les synthés claquent.

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JIcama, son single de l’an passé l’avait faite figurer sur la lite des chanson de l’année de … Barack Obama, aux côtés de Springsteen, Beyoncé et Alicia Keys, le titre à propos d’un légume mexicain, racontait son expérience d’Américaine de East L.A. ayant des racines à la fois mexicaines et salvadoriennes et dénonçait l’invisibilité à laquelle sa situation la soumettait/réduisait.

Originaire de Los Angeles, Garcia a grandi en écoutant une combinaison éclectique de musique mariachi, de pop latine, de jazz, de country et de rock indie. Ce n'est qu'après avoir déménagé à Richmond, en Virginie, après le lycée, qu'elle a réussi à rassembler ses influences en un son unifié. Riche d'une énergie arty punk, d'harmonies nuancées et d'un éventail de pierres de touche musicales, l'album montre que Garcia s'inspire de façon impressionnante d'artistes comme les White Stripes, M.I.A. et Beck, sans pour autant être trop proche d'aucun d'entre eux. C'est une approche qu'elle a présentée pour la première fois sur Medicine for Birds et qu'elle développe avec une clarté éblouissante dans son actuel et groovy Cha Cha Palace. Enregistré avec Eddie Prendergast (leader du groupe de Richmond The Mikrowaves), l'album est une vitrine pour la voix très expressive de Garcia et son sens de l'identité culturelle passé au shaker de ses influences musicales assumées.

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Sur It Don't Hinder Me, elle célèbre ses origines familiales sur un fond de batterie, de basse et de guitare fuzz. Elle chante : "Assez avec les Cadillac et les Hampton Estates / Et assez avec les gens qui vous disent qu'il faut que ce soit quelque chose / Je veux la cuisine que ma grand-mère a faite / Je veux le lit qu'on m'a crié de faire / Je veux que la sueur coule sur mon visage". Ce genre d'images apparaît dans le palais que Garcia met en contraste avec des totems plus emblématiques. À plusieurs reprises, elle invoque l'esprit de Notre-Dame de Guadalupe, transformant l'archétype de la Vierge Marie en un symbole d'émancipation féminine inter-culturelle ; ou, comme elle l'appelle dans la chanson Guadalupe, la "matriarche" adolescente, le "catalyseur", le "porte-parole de l'avant-garde", un peu comme Madonna avec Like a Virgin C'est un sentiment qui traverse l’album et qui témoigne de l'équilibre protéiforme de Garcia entre l'expression poétique et l'arrogance des francs-tireurs. Sur I Don't Believe in Death, elle prend un ton transcendantal, appelant son âme un "obélisque" et une "puissante antenne terrestre qui monte dans le ciel". Le "Karma the Knife", un hymne latin hurlant sur les leçons à tirer de vos erreurs, est tout aussi alchimique. En fin de compte, ce sont ces dualités, à la fois musicales et culturelles, qui colorent Cha Cha Palace d'un éclat si richement inspiré. Comme Garcia le dit dans "Agua de Rosa" : Tu chevauches les lignées de l'entre-deux. Latino, rock, hip-hop, cumbia : secouez bien fort et vous obtenez ce Cha Cha Palace rutilant.

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Jean-Pierre Simard le 2/03/2020
Angelica Garcia - Cha Cha Palace - Spacebomb Records